épuisé
Quel pilote n’a pas rêvé, en pensant à l’aviation en Alaska, de ces avions de brousse, de lacs et de rivières qui, de nos jours encore, exhalent un parfum d’aventure et d’infini qui enivre.
Julie Decker et Jeremy Kinney nous en relatent l’histoire dans ce livre, en s’appuyant sur les riches collections du musée d’Anchorage et de la Smithsonian Institution, que ce soit pour les photos d’époque ou pour les objets cultes préservés.
Schématiquement, l’ouvrage est divisé en trois parties. La première, qui s’étale sur trois chapitres, parle précisément de l’aviation, de brousse par les faits, pendant la première moitié du XXe siècle. C’est très détaillé, avec de nombreux récits très vivants, et cela reflète bien le lancement de cette aviation rurale de toundra, de forêts et de glace, de skis, de flotteurs et de grosses roues-ballons. On y vit avec les pionniers les difficultés dues au froid, à la météorologie parfois épouvantable, à la navigation très particulière près du cercle polaire, parfois dans des conditions proches de la survie. Ces 100 ans d’aviation en Alaska ne parlent pas vraiment de l’aviation de brousse actuelle, mais c’est largement compensé par la richesse des photos.
Le chapitre suivant est consacré à l’histoire militaire de l’aéronautique en Alaska. C’est très intéressant jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec notamment les combats des îles Aléoutiennes, seule partie du territoire américain sur laquelle les Japonais ont alors mis les pieds, et les convoyages vers l’URSS. Tout ce qui concerne la Guerre Froide et la situation actuelle reste cependant trop dans le domaine des généralités, et on aurait aimé trouver plus de détails sur les lieux, les formations basées, une carte moderne si possible, voire quelques anecdotes.
L’ouvrage se termine avec le développement de l’aviation commerciale dans cet immense état après guerre, la création des lignes aériennes, l’arrivée des hélicoptères puis de l’aviation d’affaire attirée par les gisements de pétrole. Cela permet de revenir un peu à l’aviation de brousse, relais obligatoire quand ces moyens modernes viennent buter sur des frontières techniques et climatiques.
Le livre est traduit de l’anglais, dans un français remarquablement bien écrit, quasi sans faute technique. Si l’on peut regretter qu’il ne se soit pas intitulé « Les 50 premières années de l’aviation en Alaska » pour mieux refléter l’équilibre de son contenu, il est, ne serait-ce qu’à ce titre et pour cette première partie, un superbe document. Et en tout cas, ces 100 ans d’aviation en Alaska ne devraient pas laisser leurs lecteurs… de glace, cela s’entend.
Jean-Noël Violette
128 pages, 23,5 x 23,5 cm, relié
environ 100 photos