Août 1940. Alors que le gouvernement et l’essentiel de l’armée sont repliés à Alger, l’Allemagne a pris le contrôle de l’Hexagone. Pour les autorités françaises et le Royaume-Uni, désormais, la priorité est simple : éviter que l’Italie prenne le pouvoir sur la Méditerranée, la chasser de Libye, couler sa flotte à Tarente et prendre pied en Sardaigne avant d’attaquer la Botte. Dans ce contexte, nous retrouvons nos trois héros : Marianne commande la première unité de chasse féminine, Jules tente de se frayer un chemin jusqu’en Algérie pour retrouver son unité, Yvon découvre des Brewster Buffalo basés sur le Béarn.
Ce troisième épisode conclut donc une année 1940 réécrite à partir du postulat que la France a continué le combat. Nous retrouvons un scénario logique et soigné, loin des renversements spectaculaires de certaines uchronies. Chez Sapir et Pécau, il ne suffit pas de revenir sur la démission de Reynaud pour miraculeusement arrêter l’Allemagne. La guerre s’annonce donc longue et douloureuse, la France étant divisée entre un État fantoche administrant la métropole occupée et un gouvernement légitime déplacé dans les colonies et allié aux Britanniques.
En 1939, la France avait commandé une vingtaine de Consolidated B-24, finalement vendus au Royaume-Uni.
Les auteurs imaginent ici qu’ils soient livrés au gouvernement français d’Alger dès l’été 1940.
Une petite faiblesse doit tout de même être signalée. Si les deux premiers épisodes se déroulaient sur l’espace de quelques semaines, de mai à juillet 1940, celui-ci s’étale jusqu’à la fin de l’année. Pourtant, le scénario garde le même rythme, entre action haletante, stratégie et politique. Il ne marque pas le passage du temps et donne l’impression étrange que le regroupement, la réorganisation de l’armée et la riposte sont l’affaire de quelques jours. On peut également regretter que Marianne soit un peu mise au second plan : on découvre un peu par hasard qu’en fin d’année, elle a atteint le statut d’as, sans jamais l’avoir vue remonter dans un avion ! Il aurait pourtant été intéressant d’au moins évoquer les opérations du groupe qu’elle a monté dans le tome précédent…
Sur le plan graphique, c’est toujours avec plaisir que nous retrouvons le duo Ukropina / Cinna : trait semi-réaliste classique et expressif, mise en page variée et dynamique rendant parfaitement les scènes d’action, couleurs sobres et soignées participant à la lisibilité des séquences… Mis à part un ou deux détails de perspective (notamment sur des ailes de Stuka), il n’y a rien à redire.
La trilogie 1940, et si la France avait continué la guerre, désormais bouclée, tient donc ses promesses : une uchronie sérieuse et travaillée, qui n’est pas prétexte à tous les délires mais à un examen d’événements alternatifs plausibles, soigneusement narrée et dessinée, qui ravira les amateurs d’Histoire modifiée.
Franck Mée
48 pages, 21,5 x 29 cm, relié couverture rigide
0,620 kg
– Couleurs par Tanja Cinna
Les albums de la collection 1940 : Et si la France avait continué la guerre
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil