Épuisé
50 ans d’aviation dans le ciel de l’Indre, 1909-1959, de Didier Dubant, est l’histoire aéronautique de ce département, des ballons de Gabriel Mangien ou d’Albert Caquot jusqu’aux F-100 Super-Sabre et C-119 Packet américains atterrissant à Châteauroux.
Le premier atterrissage d’un avion a lieu en juin 1909, à Brassioux près de l’actuel aéroport de Châteauroux-Déols. C’est un Blériot piloté par Jacques Balsan. Venu de Paris, il ravit les curieux et les journalistes enthousiastes. En mars 1911, les célèbres lieutenants Tricornot de Rose et de Malherbe, brevets militaires numéro 1 et 2, s’y posent à leur tour, au retour du raid Pau-Paris, ouvrant l’ère des meetings. En particulier, en juillet 1922, à la Martinerie, plus de 10 000 personnes assistent à des courses chronométrées de monoplans Spad, et à des démonstrations d’attaque du 3e régiment de chasse (commandé plus tard par Pelletier d’Oisy) basé sur place, avec loopings, vrilles, tonneaux….
En 1912 on note la création d’une école de pilotage militaire à Avord, puis en 1915 de celle de Châteauroux-la Martinerie, française et américaine, pour la liaison et l’observation. Didier Daurat y apprendra le maniement de la TSF et des appareils photo, à bord du Caudron G3.
On découvre aussi l’étonnante école américaine d’Issoudun créée en 1917 par le général Pershing en personne, à l’entrée des États-Unis dans la Grande Guerre (1000 avions, 1800 élèves… le plus grand centre mondial). Elle est commandée par le Major Carl.A Spaatz, qui sera le premier chef de l’armée de l’air américaine en 1947. Le fils du président Roosevelt y est formé, ainsi que le capitaine Rickenbaker, l’As des As américains aux 22 victoires.
L’essor de l’industrie aéronautique en 1937, avec l’installation de l’usine d’aviation Marcel Bloch, à Déols, ouvre un chapitre régional intéressant. Nationalisée sous le nom de Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud Ouest, l’usine fabrique le bimoteur Bloch MB 131 de reconnaissance et le chasseur MB 151, puis 152. Elle pourra garder une certaine activité pendant la guerre, évitant la fermeture et l’envoi d’ouvrier en Allemagne, dans la cadre du STO (750 ouvriers en 1944 pour plus de 2000 en 1939).
Après l’armistice du 22 juin 1940, le terrain de Châteauroux est choisi pour stocker les avions de chasse français démontés, comme les Dewoitine 520 tout neufs et les Morane 406. Dans le cadre des accords franco-allemands, la 2e Escadre de Chasse s’y reforme en juillet 1941, sur Dewoitine, et part pour l’Afrique du Nord… avant de rejoindre Londres en 1943.
Une école de chasse allemande, sur Messerschmitt 109, Dewoitine 520, et Bloch 155, occupe la Martinerie jusqu’en août 1944.
Pendant la guerre, de nombreuses opérations secrètes, avec atterrissage de nuit, sont menées dans la zone au profit de la Résistance, depuis l’Angleterre par les Lysander, tandis que le département subit de nombreux bombardements allemands, puis alliés après 1944.
En 1945 une école de pilotage est crée à la Martinerie. La première promotion de 40 officiers pilotes comporte huit femmes dont Elisabeth Boselli. En 1951 la Base aérienne et les usines de Déols sont concédées aux Américains pour devenir le plus important dépôt logistique américain en Europe.
Cet ouvrage fournit de nombreux détails tirés d’archives départementales, du Service historique de la Défense, et de témoignages. On regrettera néanmoins que la présence américaine à Châteauroux, très importante jusqu’en 1967, n’ait pas donné lieu à plus de développements.
Richard Feeser
160 pages, format 235 X 156 mm, couverture souple
85 photos noir et blanc et illustrations