5e RHC – Régiment d’Hélicoptères de Combat

« La force de l’innovation au service de l’aérocombattant »
Mélanie Bénard-Crozat

Formation emblématique de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, le 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat a manifestement voulu, avec ce livre commandé à l’éditeur, se donner un outil de communication qui regroupe tous les aspects de son existence. Une Histoire particulièrement riche, mais aussi un corpus de compétences de niveau élevé, développées autour de l’hélicoptère conçu comme outil de combat… Voilà une bonne idée, s’agissant d’une unité méconnue.

Ce n’est donc pas un hasard si le ton et le contenu diffèrent sensiblement de ce qu’on a pu lire sur ce genre de sujet ces derniers temps. Dans beaucoup d’ouvrages les missions des Armées sont « aseptisées » ; la notion même de combat, le fait même de se confronter à un ennemi et de le tuer pour emporter l’issue du combat, sont pudiquement voilés, habillés de jolis mots, et l’on met l’accent sur les aspects humanitaires de l’action. Ici, rien de tout cela. C’est dit sans ambages par des gens qui l’assument : le 5e RHC est une arme de guerre. Un outil de souveraineté, une épée qui peut et sait frapper là où la situation le rend nécessaire. Voilà une intégrité intellectuelle qui mérite largement d’être signalée…

Par contre, une question se pose dès les premières pages et revient, lancinante… S’agit-il bien d’un livre destiné au grand public ? Certes, les 190 pages, très agréables à feuilleter, sont largement et joliment pourvues en iconographie, mais aucune photo n’est légendée. Beaucoup d’entre elles, pourtant, le mériteraient largement, et du coup, leur lecture n’est guère possible qu’au premier degré, à défaut de bien connaître le sujet.

Plus ennuyeux, ce manque didactique affecte également les textes. Tel qui ne sait pas ce que suggère l’expression « en sabord » ou « à l’élingue », ou qui ignore ce qu’est un Fenestron, ou ce qu’est un Djinn ou un Aeronca, devra « zapper » ces mots pourtant fortement évocateurs, tel autre qui souhaiterait savoir chez quel constructeur, dans quel pays ont été construits les Gazelle, les Puma, les Cougar ou les Caracal devra se passer de cette information pourtant importante…

À l’évidence, il s’agit d’une ligne éditoriale qui répond à la volonté de communiquer avant tout « en interne », auprès des personnels du régiment, des militaires de l’ALAT, et plus loin des militaires en général comme de ceux qui connaissent l’institution et le moyen. Tous ceux-là y trouveront une information très complète et fort intéressante sur ce qu’est le « Régiment du Béarn ». Par contre, de vulgarisation, point. Le béotien, passionné ou non, risque fort de ne pas disposer des pré-requis pour « décoder » et apprécier ce livre.

L’ouvrage comporte un chapitre historique riche d’une petite quinzaine de pages. Hélas, les choix de données ne sont pas toujours très judicieux (pourquoi citer sans autre explication la seule date du 4 juin 1783 pour évoquer les débuts de l’aérostation ?) De plus, les erreurs et les approximations sont souvent dommageables car sources directes d’interprétations erronées pour le lecteur.

C’est une évidence : malgré une quatrième de couverture alléchante, ce livre ne convient pas au grand public. Et ce qui est dommage, c’est que ce n’est précisé nulle part.

Philippe Boulay


190 pages, 21,5 x 27,5 cm

En bref

Éditions Crépin-Leblond

ISBN 978-2-7030-0355-7

34 €