Ce livre sera un compagnon d’étagère au premier opus de cet auteur, publié chez le même éditeur, qui était consacré à la 8th Air Force. Si je n’avais pas totalement apprécié ce premier volume, j’ai vraiment été emballé par ce tome de 192 pages consacré à la 9th Air Force, une division aérienne américaine qui a une couverture littéraire bien moins importante que sa grande sœur. Peut-être ai-je mieux adhéré au concept en ayant été préparé par le premier ?
D’une part, il comble un manque beaucoup plus large en matière de littérature sur la 9th Air Force. D’autre part, l’éventail des métiers présentés et des appareils évoqués est plus ouvert, et il est heureux que l’auteur ait bien profité de la variété propre à cette Air Force.
Les lecteurs intéressés par le théâtre d’opérations méditerranéen se sentiront peut-être lésés, car un seul chapitre les concernerait : le premier, sur les Mitchell du 12th Bomb Group. L’essentiel de l’ouvrage est en effet consacré aux unités opérant en Europe du Nord-Ouest, basées en Grande-Bretagne, puis sur le continent suivant la progression des troupes au sol.
Parmi les types d’unité abordés, on trouve des formations de chasse-bombardement (P-47 Thunderbolt), de bombardement léger (A-20 Havoc) et moyen (B-26 Marauder), de liaison (L-5 Sentinel), de transport (C-47 Skytrain), de chasse de nuit (P-61 Black Widow) et même le génie chargé des travaux de remise en état ou de construction des aérodromes. Certes, ni P-38 Lightning, ni P-51 Mustang ou encore d’avion de reconnaissance. Mais ce n’est pas souvent qu’on évoque un Liaison Squadron sur Stinson L-5, et j’ai trouvé que la participation du 440th Troop Carrier Group aux grandes opérations aéroportées de la dernière année de la guerre (Normandie, Provence, Arnhem et traversée du Rhin) était bien couverte.
La richesse de l’ouvrage vient aussi du choix des individus mis en valeur. Si certains albums sont anonymes, les autres chapitres mettent en valeur autant des navigants (pilotes, mitrailleurs, mécaniciens) que des personnels au sol : photographe, officier d’armement, armurier, officier de renseignement, conducteur de bulldozer.
Les extraits de certains journaux personnels mettent vraiment dans l’ambiance, tant des missions (la perte d’un équipage, la réussite d’un raid) que de la vie quotidienne (la routine d’avant une opération, le nettoyage des armes, les permissions à Londres ou à Paris…)
L’iconographie est particulièrement soignée, presque totalement inédite. Certaines photos sont absolument fabuleuses. En raison de la mise en page, on a néanmoins parfois un peu mal à trouver la légende qui correspond à une photographie, d’une page à l’autre, du haut vers le bas. Cerise sur le gâteau, il n’y a pas que du noir & blanc, il y a des clichés d’époque en couleur. Les autres touches colorées de ce bel objet d’imprimerie proviennent des profils et insignes d’unité, que l’on doit à la palette de Nicholas Gohin, des cartes en infographie, des collections d’effets personnels des aviateurs et des reconstitutions des tenues.
L’ensemble est fort bien produit, avec soin. Il faut vraiment creuser pour trouver des défauts (de très rares typos, ou l’absence de référence à l’aviation tactique britannique). Il s’agit, on l’aura bien compris, davantage d’un album de photos et de documents que d’un texte illustré, mais l’ensemble tient excellemment la route.
Jocelyn Leclercq
192 pages, 230 x 310 mm, relié couverture caronnée