Gusto. Le groupe de chasse Île-de-France

1941-1945 – 340 Sqn RAF
Frédéric Bruyelle

Coup de cœur 2010
Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

Le commentaire de Philippe Bauduin
Le commentaire de Philippe Listemann

La lecture de cet ouvrage monumental de Frédéric Bruyelle m’a transporté dans une espèce de béatitude parmi tous ces aviateurs dont, comme bien d’autres, je connais tous les patronymes pour les avoir côtoyés dans les ouvrages de Bernard Dupérier, Germaine L’Herbier-Montagnon, Henry Lafont… Ils sont tous là, bien présents dans ce livre, ces visages d’aviateurs, joyeux, anxieux, déterminés, qui sont la gloire de la France.

Rappelons que l’Île-de-France est l’une des 17 unités de la France Libre « Compagnon de la Libération », que 22 de ses plus valeureux pilotes le sont également, et que sur les 126 navigants que comptera le Groupe, 48 seront tués ou porté disparus. Le Groupe Île-de-France est le 340 Sqn. de la RAF.
D’emblée, Frédéric Bruyelle prend le parti original de faire parler les acteurs de cette épopée. Il en sera ainsi tout le long de l’ouvrage au travers de témoignages, anciens ou récents, de récits d’évasion ou de combats, d’extraits de carnet de vol, de biographies… Ce choix rend le livre particulièrement vivant ; on se trouve en permanence avec les images de ces hommes accompagnés de leurs machines. Parmi les quelque 800 photos, de grande qualité (mais quelquefois à la légende diffuse), l’une d’elles a plus particulièrement attiré mon attention : « le bal des balais » sur laquelle l’on voit un quatuor de joyeux lurons, armé de balais/pinceaux destinés à peindre les bandes blanches d’invasion la veille de 6 juin 1944, entreprendre un ballet, exorciste, peut être ? Le ton est donné et tout le long de l’ouvrage le lecteur à plaisir à partager la bonne humeur, la joie, la tristesse ou la déception. On découvre au hasard des récits que Pierre-Quentin Bourgeois est l’ami de Philippe Livry-Level ou que Bernard Thibaut est celui de Robert Arqueros.

Il n’empêche : tous les mouvements du Groupe de Turnhouse à Drope en passant par Biggin Hill, Merston ou Sommervieu sont décrits dans le détail. Toutes les opérations Rhubarb, Ramrod, Circus ou autres Rodéo sont évoquées avec précision. La séparation d’avec les marins FNFL en novembre 1942 est un vrai traumatisme. Les pertes de pilotes sont ressenties avec une profonde émotion. Tout cela est repris et confronté sans complaisance dans les notes de bas de pages qui constituent un véritable second livre dans l’ouvrage.
Si j’ajoute à ces récits poignants les 62 pages d’annexes dans lesquelles sont recensés tous les hommes, pilotes ou mécaniciens, tous les Spitfire, leurs types leurs numéros de série, toutes les sorties, toutes les pertes, tous les accidents, toutes les revendications, le tout accompagnés de 17 magnifiques profils en couleurs parfaitement identifiés à chacun des pilotes du Groupe Île-de-France, nous sommes en présence d’un ouvrage qui n’a, à ma connaissance, aucun équivalent, en France.
Ce livre de référence aurait mérité un index des patronymes et des noms de lieux pour faciliter notamment les nombreuses consultations ultérieures dont il sera l’objet. Pas seulement un livre de spécialiste, l’ouvrage est aussi un remarquable livre d’histoire.

Philippe Bauduin


Le groupe de chasse Île-de-France est l’un des symboles de la France Libre, en tout cas en ce qui concerne l’aviation, et écrire un livre sur cette unité est donc pertinent alors que l’on fête cette année les 70 ans de la France Libre.
C’est une unité de chasse qui a combattu entre 1941 et 1945 sous l’autorité des Britanniques, et ce livre de plus de 300 pages nous retrace son épopée. Sans attendre la conclusion, ce livre est incontestablement réussi et au premier regard on s’aperçoit que l’auteur a mis en avant les pilotes, acteurs principaux il est vrai, en publiant de nombreuses photos de ces derniers dont certains ne sont jamais revenus de mission. Les photos, d’une excellente qualité, sont publiées en grand format, ce qui fait penser parfois à un album photo familial que l’on parcourt comme si l’auteur voulait nous présenter cette « famille ».

Cette iconographie est là pour illustrer un texte qui n’est pas moins intéressant, parsemé de nombreux témoignages, ce qui rend le livre à la fois vivant et captivant. En revanche, sans que cela entame le jugement favorable que je porte à cet ouvrage, je regrette que l’introduction soit un peu courte, car la création du groupe Île-de-France aurait mérité de plus amples explications, ne serait-ce sur cette création tardive comparée aux autres nations étrangères (Pologne, Tchécoslovaquie, Pays-Bas, Norvège) qui, en cet automne 1941 ont depuis longtemps créé leurs unités opérationnelles ; nous ne coifferons les Belges que de cinq jours seulement, mais la création tardive d’une unité belge est due à des effectifs très limités tout au long de la guerre, ce qui ne sera pas le cas des Français. La partie écrite n’est pas seulement faite de l’histoire à proprement dite de l’unité ; on retrouve aussi des encarts détaillant des événements particuliers, ou développant la biographie de certains pilotes. Cet ouvrage se conclue par des annexes très utiles et très complètes qui traduisent un travail de fonds indéniable.

En tout état de cause, c’est un ouvrage des plus complets qui soient sur cette unité de chasse ; sa présentation est séduisante et il est à classer parmi les ouvrages de référence sur les FAFL.

Philippe Listemann


326 pages, 24 x 31 cm, relié
1,937 kg

Coup de cœur 2010 de l’Aérobibliothèque

En bref

Artipresse

ISBN 978-2-919231-00-3

Coup de cœur 2010
58 €