Le livre bleu dans l’Aérobibliothèque, c’est une longue histoire. À défaut d’une 13e édition qui aurait peut-être fait fuir les plus superstitieux, la 14e est publiée en cet automne 2019, et nous vous présentions cet ouvrage dès 2010 dans sa 9e version en en rappelant l’histoire :
« En 1979 eut lieu une révolution dans le monde vélivole : la naissance du Manuel du Pilote de Vol à Voile, aussitôt surnommé « le livre bleu » par ses utilisateurs en référence chromatique à un célèbre « petit livre rouge » qui fit beaucoup de bruit à l’autre bout du Monde. […] Est-ce par analogie avec son célèbre cousin ? Toujours est-il que la révolution culturelle qu’il marqua fut un véritable bond en avant ! Jusque là l’apprenti-pilote ne disposait pour la préparation à l’examen théorique du brevet de pilote de planeur que des seuls cours issus de la méthode de pilotage avion des années 50, dite « Évangile selon Saint Yan », c’est-à-dire soit les ouvrages destinés à la formation des moniteurs, soit de façon plus généraliste mais tout aussi peu pertinent pour le vol à voile, du « Voyage aérien », leur petit frère préparant au Brevet d’Initiation Aéronautique. Ces ouvrages abondaient dans les clubs, mais n’étaient pas forcément adaptés au passage d’un brevet de pilote, surtout de planeur. On pouvait trouver quelquefois des livres écrits par quelques spécialistes, mais à la diffusion souvent confidentielle et rarement mis à la disposition du grand public.
À cette époque, pour accompagner la réforme des brevets de pilotes en cours, une petite équipe de moniteurs de centres nationaux, Gaby Chenevoy, Jean-Michel Thellier et Robert Prat, fut chargée de concevoir un ouvrage utilisable en parallèle à la progression de la formation, et non plus de manière thématique comme c’était le cas des rares livres dont nous venons de parler. Leur noms, comme ceux de leurs successeurs dans cette tâche, ne figurèrent jamais dans aucune des versions, mais hommage doit leur être rendu pour ce travail dès l’origine bien mené, et qui au fil des éditions, n’a cessé d’évoluer et bien sûr de s’amender lorsqu’une erreur ou une coquille venait à s’y glisser.
La philosophie était également chamboulée : désormais, un pilote désirant se former au vol à voile se voyait proposer (quasiment imposer) l’achat d’une pochette comprenant ce livre, une fiche de progression des leçons, et quelques documents complémentaires. De sa propre initiative ou sur le conseil de son instructeur il devait alors en lire les cours en parallèle à cette progression, selon l’ordre de phases prédéfinies. À la fin de chaque phase, un questionnaire était proposé en vue d’une révision des acquis et, par la suite, d’une préparation à l’examen théorique du brevet. L’efficacité pédagogique du système a vite été démontrée. […] »
L’ouvrage étant régulièrement mis à jour, nous vous en avons présenté au fil des années les éditions suivantes, en soulignant les nouveaux apports et les modifications. Voyons quelles sont les nouveautés propres à cette 14e édition. La principale saute violemment aux yeux dès la table des matières :
« Le présent manuel […] suit la trame de continuité FCL conforme à l’Aircrew pour une utilisation en ATO section 1 et DTO. Il est conforme à l’AMC 3 FCL 210, FCL 215, AMC 1 FCL 210 / AMC 1 FCL 215 pour la formation théorique pour l’obtention de la SPL (FCL 020, FCL 200, FCL 205 S, FCL 210, FCL 215, FCL 235, FCL 210 S, FCL 220 S, FCL 230 S). »
À défaut de traduire cette novlangue administrativo-vélivole, disons que cette nouvelle version est compatible avec les directives européennes concernant la licence de pilote de planeur (SPL) et ses extensions, et leur application dans le cadre des structures mises en place par la Fédération Française de Vol en Planeur en fonction des directives de son ministère de tutelle.
Outre cette meilleure compatibilité, quelques pages sont ré-organisées, quelques paragraphes sont développés (règlement SERA dans les règles de l’air, chargement et centrage à la phase 6, météo de la phase 7). La grande amélioration est le fort accroissement du nombre de question proposées en chaque fin de phase, et leur meilleure adéquation au programme suivi.
On ne trouve pas encore expliqués le cartwheel et ses dangers, chers à juste titre aux instances fédérales, mais gageons que ce sera l’objet d’une modification ultérieure.
Enfin, pour le plaisir, il faut noter que pour la première fois depuis 1979 l’expression « Livre Bleu », appellation officieuse de ce livre depuis le début, apparaît officiellement dans le sous-titre du manuel « Le livre bleu du pilote de planeur », ce qui est une consécration. La vox populi est devenue vox dei. Au passage, notons qu’il est quand même précisé « du pilote de planeur », certainement pour rester cohérent avec le changement de nom de la fédération, anciennement de vol à voile et devenue de vol en planeur, en perdant ses attributs sportifs et poétiques dans un soucis de lisibilité.
Tout cela fait que notre beau bébé Schtroumpf, qui avait déjà pris de l’embonpoint au fil des années, gagne encore quelques feuillets. Quelques illustrations de Beuville ont dû pour cela disparaître ou au moins se regrouper. Heureusement, il en reste pour notre plaisir.
Le Livre Bleu demeure donc un excellent ouvrage, couvrant de façon très complète le programme à connaître par un pilote de planeur. Accompagné d’une liste des solutions aux questions de fin de phases ainsi que des fiches de progression de l’élève pilote et du candidat à une formation au vol sur la campagne, il est incontournable pour l’instant, même dans notre « e-société« …
Jean-Noël Violette
348 pages, 21 x 29,7 cm, broché
1,040 kg