Laure, fille d’un as de la Première Guerre mondiale, est elle aussi devenue pilote. Lors de la débâcle de 40, ils s’enfuient tous deux vers l’Angleterre, lui sur son D.520, elle sur son H.75 ; mais elle sera seule à atterrir. Versée dans l’ATA*, seule carrière envisageable pour une femme, elle se fait remarquer en mettant en fuite des bombardiers attaquant le terrain auquel elle livrait un Spitfire. Le commandant de l’escadron lui propose de prendre l’identité d’un pilote décédé la veille et de combattre avec eux…
Lady Spitfire a des qualités. Un dessin assez réussi, tout d’abord, malgré quelques petites fautes de perspective, en particulier dans les premières planches : Maza a un trait agréable et dynamique, la mise en pages est sympathique et la mise en couleurs de Schelle, dense et contrastée, colle bien à une tonalité dramatique.
Le scénario de Latour impose en revanche un bilan plus mitigé : s’il est rythmé et agréablement fourni en action, tout en gardant quelques scènes plus poétiques, il souffre d’invraisemblances non négligeables et de clichés un peu éculés (le sacrifice du père, la femme qui s’impose parce que « elle boit, elle jure, elle se bat comme un homme », les deux victoires dès la première sortie au front… et puis quoi, il n’y a que l’escadron 1B dans la RAF?) On a un peu l’impression que, son point de départ acquis (une femme pilote sous une fausse identité dans une unité combattante de la RAF), le scénariste n’a pas vraiment su comment l’intégrer délicatement et s’en est remis à des ficelles un peu grosses.
On note aussi une poignée d’incohérences graphiques, certaines réservées aux spécialistes (l’oubli des barres centrales des verrières de Bf 109, p. 17, entre autres, ou les svastikas marquant les victoires du leader, peintes à l’envers) mais d’autres bien plus visibles (l’immatriculation du Potez 25 qui passe de F-AIJL en p. 7 à F-AIKD en p. 8-9, ou le bandage au bras gauche de l’héroïne qui apparaît et disparaît au fil des planches).
Dans l’ensemble, Lady Spitfire se lit donc agréablement, mais il lui manque un soupçon de réalisme pour vraiment accrocher le lecteur.
Franck Mée
56 pages, 24 x 32 cm, couverture cartonnée
* ATA : Air Transport Auxiliary, organisation britannique de la Seconde Guerre mondiale assurant le transfert des avions neufs ou réparés.
NDLA : La couverture est d’un autre dessinateur : Manchu.
– Les albums de la collection « Lady Spitfire »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt
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© Éditions Delcourt