Vous êtes ici : Récits et romans   

À l’assaut du désert

Gérald Cocault

Ce livre est le récit de six semaines dans la vie d’un militaire français, Gérald Cocault, sous-officier pilote d’hélicoptères au 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat de l’ALAT. Mais des semaines qui comptent, pour le moins, dans une vie de soldat : celles d’une opération extérieure d’importance.

13 août 1990, Toulon : l’Opération Salamandre entre dans sa phase opérationnelle, avec l’appareillage d’un groupe aéronaval constitué du Clemenceau et de trois autres navires. Le porte-avions transporte les personnels du 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat (ALAT), avec 30 Gazelle et 12 Puma, une compagnie du 1er Régiment d’Infanterie, et une section d’artillerie antiaérienne du 11e Régiment d’Artillerie de Marine. Destination : l’Arabie Saoudite. Moins de deux semaines après le début de l’invasion du Koweït, la France apporte ainsi une réponse peut-être plus politique que militaire, en tout cas déterminée, à l’acte hégémonique de Saddam Hussein.

Bénéficiant d’un avant-propos signé du Général d’Armée (2S) Michel Roquejeoffre, commandant les forces françaises lors de la guerre du Golfe, et d’une préface du général de Corps d’Armée (2S) Georges Ladevèze, qui commandait le 5e RHC de Salamandre, ce livre nous propose de vivre cette opération de l’intérieur. Jusqu’au premier débarquement de troupes françaises sur le sol saoudien, le 23 septembre à Yanbu, après plusieurs escales, à Djibouti et aux Émirats Arabes Unis.

Prévenus le 9 août, embarqués le 13 après un convoyage depuis leur base de Pau, les personnels du « Cinq » se sont trouvés projetés hors de leur monde, dans cet univers si particulier que constitue un navire de guerre dans les conditions du combat. Comment les exécutants de ce corps expéditionnaire ont-ils vécu cette période, comment se sont-ils adaptés à ces environnements nouveaux pour eux ? Que savaient-ils, que pressentaient-ils d’une possible future conflagration ? Certes, ce que Gérald Cocault nous raconte au fil de ces 400 pages, c’est son histoire personnelle au sein de Salamandre. Cependant, en homme précautionneux il a au préalable voulu légitimer ce travail auprès de ses anciens compagnons d’armes, et les a invités à lui faire partager leurs souvenirs. Du coup son récit, conforté par les extraits qui lui ont été adressés, n’en est que plus intéressant, et représentatif.

Le contenu de ce livre se constitue donc principalement de la vie du militaire en transit opérationnel ; de ses sensations, de ses impressions… Le travail de préparation, l’attente, les bruits qui courent, l’inquiétude des familles, les tensions, l’inconfort à bord du porte-avions, voire même le comportement autoritaire de certains chefs… Gérald Cocault nous raconte encore le contact avec Djibouti, où s’effectuent des entraînements en ambiance désertique ― les premiers vols dans le désert pour nombre de pilotes. Il évoque aussi sa vision de la ville même de Djibouti, lieu de contraste absolu, où les militaires se détendent… Puis c’est l’escale à Abu Dhabi, et les vols avec les équipages locaux…

L’homme aime écrire, et cela se sent. Le langage est simple, sans fioriture, mais agréable à lire. Imprimé dans une police d’assez grandes dimensions, le livre se lit rapidement. Il convient de noter aussi qu’il s’agit d’une autoédition, ce qui en l’espèce ne peut que susciter la sympathie. En refermant ce livre, on a la sensation d’avoir rencontré une expérience humaine qui peut mériter que la pensée s’y attarde, et qu’on s’en souvienne…

Philippe Boulay


400 pages, couverture souple

– Avant-propos du Général Roquejeoffre, Commandant en chef des troupes françaises durant la guerre du Golfe
– Préface du Général Ladevèze, chef de corps du 5e RHC lors de l’OPEX Salamandre puis Général commandant l’ALAT

En bref

Autoédition

ISBN 978-2-8106-2329-7

27 €

Chronique : Philippe Boulay