Hans a retrouvé son corps, mais il est toujours là-bas, de l’autre côté de la planète. Pour redevenir lui-même, il doit d’abord rentrer en Europe en se faufilant parmi les sujets de l’Empire britannique, avant d’espérer pouvoir franchir la Manche et retrouver le Vaterland.
En retrouvant son corps, Hans change de scénariste : le voilà désormais aux mains de Patrice Buendia. L’histoire est riche en rebondissements, mais l’introspection est omniprésente. L’auteur met l’accent sur l’évolution et les dilemmes moraux de son personnage, parfois de manière un peu excessive. Jadis as de la Luftwaffe qui faisait les couvertures des magazines et nazi convaincu à la morale inflexible, Hans est marqué par le temps passé dans la peau d’un Américain gentillet. Est-il à jamais mythomane, hautain et égoïste, ou est-il devenu le terreau dans lequel pousse la graine de la droiture ?
Les dilemmes de Hans se traduisent parfois par un excès de commentaires, mais l’ensemble reste entraînant.
Comme le scénariste, le dessinateur Damien Andrieux reste sur la partie allemande de l’histoire. Il réalise à son habitude une très belle prestation, avec une mise en page moderne et dynamique, un trait réaliste et expressif, et une mise en couleurs très agréable.
L’ouverture allemande du second cycle de L’aigle à deux têtes est donc plutôt réussie, navigant entre action rythmée et réflexions torturées. On lui reprochera tout de même une insistance parfois excessive sur les dilemmes du héros.
C’est en tout cas bien mieux mené que le quatrième tome de la série sœur. Sur le premier cycle, les histoires se déroulant de part et d’autre du front étaient relativement homogènes (bien que chaque auteur gardât sa touche personnelle). Ce n’est plus le cas : Adler et Eagle ont désormais des tons bien différents, et Buendia fournit dans l’ensemble une copie plus cohérente et équilibrée que Wallace.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié
– Les albums de la collection « L’aigle à deux têtes »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr