Rédigée par C-J Ehrengardt, cette monographie est le pendant du hors-série n° 7 Spitfire sur l’Europe. La première partie traite du développement contrarié du P-51 à cause des nombreux démêlés entre la North American et les états-majors de l’Air Force. Cette partie met aussi en lumière les traits de génie de ses concepteurs, qui ont réalisé un avion presque parfait sur le plan aérodynamique, plus rapide que le Spitfire Mk. V, bien que plus lourd et moins puissant. Elle relate aussi comment naît l’idée de marier la cellule du Mustang au Rolls-Royce Merlin pour donner naissance à un chasseur d’exception, dont les qualités intrinsèques finissent par vaincre toutes les réticences. Il ne lui reste qu’à trouver sa place dans l’inventaire de l’Air Force, et c’est l’objet de la deuxième partie de ce premier tome, qui aborde la doctrine stratégique américaine. Le Mustang entrera en Europe par la petite porte, mais après ses dures déconvenues de l’automne 1943, la 8th Air Force finira par reconnaître tardivement l’immense potentiel du P-51.
Comme tous les hors-séries d’Aéro-Journal, celui-ci comporte des dizaines de photos (N&B et couleur), des profils couleurs, des plans au trait et le désormais célèbre « cahier 3D » particulièrement bien fourni !
– Chapitre I : Maverick Mustang
James H. « Dutch » Kindelberger, directeur général de North American Aviation Inc., profite de la visite de la British Purchasing Commission pour proposer à la RAF un avion de chasse entièrement nouveau et beaucoup plus performant que tous ceux qu’elle a achetés aux États-Unis, s’affranchissant ainsi de la tutelle de l’US Army Air Corps, qui ne voulait absolument pas de cette firme comme fournisseur de chasseurs et exigeait qu’elle construise des Curtiss P-40. Cette attitude de « maverick » coûtera cher au Mustang, mais aussi — malheureusement — à la Eighth Air Force.
– Chapitre II : Un Apache sur le mauvais sentier de la guerre
Tandis que l’autocratique Materiel Division tente par tous les moyens de faire capoter le programme du Mustang, la North American ne cesse d’y apporter des améliorations, au point que l’appareil impressionne tous ceux qui le pilotent ou dirigent son emploi opérationnel. L’Air Force se résout alors à le commander en (petite) série, mais uniquement pour le bombardement en piqué et l’appui tactique.
– Chapitre III : Merlin l’enchanteur
Reconstituer la chronologie des événements qui vont aboutir à la création du Mustang-Merlin n’est pas chose facile. S’entremêlent les aspects techniques, traités de manière indépendante et simultanée des deux côtés de l’Atlantique, et, aux États-Unis, les aspects politiques qui donnent au dossier une allure de tango argentin, deux pas en avant, un pas en arrière. Beaucoup de personnalités vont intervenir à un moment ou à un autre tout au long du processus, soit pour le promouvoir, soit pour l’enrayer. Si, dans les derniers jours de l’année 1942, l’avenir du P-51B semble désormais assuré, sa place dans l’inventaire de l’Air Force n’est pas encore déterminée.
– Chapitre IV : Une escorte ? Pour quoi faire ?
Cette phrase résume le dogme intangible de l’US Army Air Corps, gravé dans le marbre en 1926 et qui perdurera pendant seize longues années. Quand il en prend le commandement, en septembre 1938, le (alors) Major General Henry H. Arnold hérite d’une situation que, en tant qu’adjoint de son prédécesseur, il a lui-même largement contribué à créer. À cette époque, l’Air Corps ne dispose d’aucun chasseur digne de ce nom, car vivant dans la foi inébranlable en l’invulnérabilité du bombardier stratégique. Cependant, Arnold, suffisamment pragmatique pour tirer les enseignements de ce qui se passe en Europe, révise rapidement son jugement et, dès 1940, lance un vaste de programme de modernisation de la chasse.
Malheureusement, le temps perdu ne se rattrape jamais, et l’Air Corps, devenu entre-temps l’Air Force, devra patienter jusqu’à la fin de l’année 1943 pour aligner son premier chasseur capable de surclasser ceux de l’ennemi. En attendant se posera le grave problème d’escorter les bombardiers, une figure qui n’avait jamais été envisagée par les stratèges.
– Chapitre V : Le cadeau empoisonné
« Le Lt. Talbot et moi avons grimpé pour les poursuivre. À moins de 400 m, deux des avions ennemis nous ont vus et ont basculé en piqué vers la gauche. Nous nous sommes rapprochés des deux autres, et j’ai légèrement ramené les gaz pour protéger les arrières du Lt. Talbot, mais les ennemis l’ont aperçu et ont plongé sur leur gauche. À ce moment, j’étais en assez bonne position pour tirer sur mon 109 qui continuait à foncer sur les bombardiers. Le Lt. Talbot a pris un peu de hauteur et est passé sur ma droite pour me couvrir. À 100 m, j’ai tiré une rafale de deux secondes, mais apparemment sans effet. Je me suis rapproché à 50 m et ai tiré une rafale de trois secondes ; un mince filet de fumée est sorti du côté droit du moteur. J’ai à nouveau ouvert le feu pratiquement à bout portant et j’ai dû m’employer à passer à travers un flot d’huile, de fumée et de débris. En me retournant, j’ai vu le chasseur tomber en traînant derrière lui un épais nuage de fumée. J’ai recherché le Lt. Talbot et l’ai aperçu en train de courir après un Fw 190 avec un autre derrière lui. J’ai piqué sur le second, et les deux ont rompu le combat ; nous sommes alors retournés auprès des bombardiers. »
C’est au cours de sa cinquième mission en Europe, le 16 décembre 1943, que le North American P-51 Mustang remporte ainsi sa première victoire aérienne : un Bf 109 crédité au 1st Lieutenant Charles F. Gumm Jr. du 355th Fighter Squadron, 354th Fighter Group.
– Chapitre VI : Le Mustang dans sa bulle
Il ne restait que quelques « détails » à régler pour faire du P-51 Mustang le meilleur chasseur de la Seconde Guerre mondiale. Avec la version « D », c’est chose faite.
– Chapitre VI : Le chasseur d’escorte américain
La longue saga d’un accouchement au forceps.
Ce n’est pas parce que les « bombardiers » ne voient pas la nécessité de disposer d’un chasseur d’escorte que l’Air Corps s’est désintéressé de la question, mais plus de trois ans vont s’écouler entre la prise de conscience et la prise de décision. La route sera longue et chaotique avant que la nécessité ne se transforme en obligation impérieuse. L’Air Force paiera ses atermoiements et hésitations au prix fort en termes de vies humaines et de matériel.
– Annexes :
Production
Principales caractéristiques techniques des différentes versions
Description du P-51D
Les F-6 français
Communiqué de l’éditeur