Si les grands as de l’US Army Air Force ont été fortement médiatisés pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est parce que, d’une part, leurs succès donnaient lieu à un décompte tout à fait officiel et que, d’autre part, l’état-major général encourageait la compétition entre les Air Forces. Et si ceux de la fameuse Mighty Eighth sont devenus beaucoup plus populaires que les autres, c’est parce qu’ils ont bénéficié d’autres éléments favorables : la présence de nombreux photographes officiels sur les bases en Angleterre, peu distantes les unes des autres et proches de Londres, et les décorations flamboyantes de leurs avions qui fournissaient un visuel très accrocheur (aujourd’hui, on dirait « vendeur »). Et pour nous, Français, le fait qu’ils ont activement participé à la libération de notre pays.
Il est bien évident que sur les vastes étendues du Pacifique, la couverture médiatique se heurtait à de nombreux obstacles matériels, surtout en haute mer. Si les deux grands as de l’USAAF sur ce théâtre d’opérations, Dick Bong et Tommy McGuire, ont connu la notoriété, ils le doivent surtout au désir du « patron » de la Fifth Air Force, le Major General George C. Kenney, de les placer sous les projecteurs de la presse afin de se faire valoir auprès de sa hiérarchie pour des motifs très personnels.
Cette lutte d’ego n’a pas eu lieu au sein de l’US Navy.
Bien que ne pouvant pas être comparée à la « Royale » française ou britannique pour des raisons historiques, elle n’en a pas moins adopté les mêmes codes, qui se résument en deux maîtres mots : Team work – travail d’équipe. Dans un espace aussi confiné qu’un porte-avions, sans ouverture sur le monde extérieur pendant de longues semaines, ce genre de compétition aurait pu avoir des effets indésirables. Les pin up ou autres décorations rutilantes ont été bannies des ponts d’envol, et si l’on excepte la gueule de chat de la VF 27, les décorations des Hellcat ont été tout sauf sexy.
La Navy n’a pas souhaité tenir un registre officiel des victoires individuelles. Pour autant, cela ne l’a pas empêché de mettre en avant ses « as », dont elle a toujours refusé l’existence, ne serait ce que pour lever des fonds auprès de la population (les fameux War Bonds) et enrôler les jeunes étudiants, quand ceux ci sont revenus au pays pour prêcher la bonne parole.
Il a donc appartenu à des chercheurs privés de retracer le palmarès des pilotes les plus performants, et cette tâche a été remplie avec zèle par Frank Olynyk, historien de l’American Fighter Aces Association. Ses travaux, couplés à nos recherches dans les archives officielles, nous ont permis de dresser un panorama aussi complet que peut l’être un hors-série.
« Notam » de Christian-Jacques Ehrengardt
Sommaire :
– Préambule
– Les campagnes (1941, 1942, 1943; 1944, 1945)
– Épilogue
– Annexes
118 pages, A4, dos carré