Il est difficile de classer ce livre. Il oscille entre la biographie, l’introspection familiale et la polémique sur la campagne de France en 1940 ainsi que les raisons d’une défaite militaire. Polémique, l’auteur semble vouloir l’être sur de nombreux sujets, comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage.
La base de ce livre est la biographie du commandant Pierre Grenet, oncle de l’auteur, tué au combat le 18 mai 1940 aux commandes d’un Breguet 693, et auquel il doit son prénom, hommage rendu par son père au frère décédé. S’intercalent entre les parties biographies des considérations sur l’esprit des français et des militaires dans les années 1930, les luttes de pouvoir dans les états-majors, autour de l’armée de l’air indépendante et ses liens avec l’armée de terre, et la vie politique de l’époque (Front Populaire, montée des extrémismes…)
On rend grâce à Pierre Grenet de ne pas s’être contenté du « folklore familial » raconté par son propre père (le « family lore » cher aux Anglais) mais d’avoir recherché au plus près la réalité de la carrière militaire de son oncle. L’analyse des arrangements avec la vérité historique de la famille est très intéressante, car souvent cela est occulté et ne sort pas du cercle familial.
Si les chapitres sont clairement distincts, il manque néanmoins une articulation entre eux, un cheminement logique. Certaines parties sont peu pertinentes par rapport au récit principal, et semblent n’être là que pour remplir. Certaines affirmations ne sont pas étayées, et les sources primaires ne sont pas répertoriées. Tout au plus évoque-t-on le Service Historique de la Défense, un ancien aviateur, un historien local et quelques livres.
Il manque surtout des illustrations, des documents annexes. Pas un seul portrait du commandant Grenet dont c’est pourtant la biographie pour une grande part ! L’auteur évoque le « cahier noir » dans lequel son oncle avait déjà rédigé une forme d’autobiographie et formulé des avis sur la situation militaire et politique du pays, etc… et qui, occupant plus de 20 pages du livre, n’est pas non plus montré. Pas une seule photographie de son épouse, autre sujet important du livre, des autres aviateurs évoqués, des officiers supérieurs et généraux, des personnalités, des avions pilotés. Parfois, il manque un mot dans une phrase, ou bien une lettre dans un mot, ce qu’une relecture plus soignée aurait permis de corriger. L’orthographe « Bréguet » avec l’accent prédomine, tout comme l’écriture du Groupe de Bombardement d’Assaut 2/54 là où le II/54 s’imposait.
Le lecteur intéressé par la campagne de France, le Breguet 693, ou désireux d’ajouter la biographie d’un pilote peu connu à sa bibliothèque, trouvera dans ce livre un complément toujours utile. Chacun jugera alors les polémiques en fonction de ses connaissances personnelles et de ses lectures sur le sujet.
Jocelyn Leclercq
229 pages, 14,8 x 21 cm, broché
0,240 kg
Lectrice : Corinne Micelli)
DE270921