La parution en 2011 de cet ouvrage de Bob Maloubier donne un coup de projecteur sur ces quelques centaines de Français qui ont choisi le SOE pour accompagner leurs compatriotes de la France Libre.
L’auteur n’en est pas à son premier titre, mais dans celui-ci, à côté de la narration des sabotages d’usines, de ponts, de trains de coups de main, de pose de limpets*… ce sont ses rencontres avec les volontaires du SOE qui donnent une image réconfortante de la France résistante.
Bob Maloubier voulait être aviateur ; il s’engage donc dans l’armée de Vichy en espérant y apprendre à piloter. Envoyé en Tunisie, il monta la garde d’avions rendus inutilisables. Profitant d’une permission vers la Métropole, il franchit clandestinement la Ligne de Démarcation et fit du trafic d’armes. De retour en Afrique du Nord, il vécut le Débarquement des Alliés, s’évada et se retrouva à Alger en espérant joindre une unité de la RAF. Alger, à cette époque, c’était Byzance, et chacun à sa façon essayait de tirer son épingle du jeu entre pétainistes, gaullistes, pro-américains… Bob Maloubier se lia avec les services spéciaux et y rencontra des jeunes gens acquis à la cause de la France Libre, notamment son camarade de lycée Fernand Bonnier de la Chapelle qui, choisi à la courte paille, abattit le sinistre Darlan. En moins de quarante-huit heures, Bonnier de la Chapelle fut condamné à mort et exécuté alors qu’il bénéficiait de la protection de Murphy ! Bonnier de la Chapelle, l’un des étudiants manifestants du 11 novembre 1940 à l’Arc de Triomphe, fut réhabilité en 1945.
Bob Maloubier arriva à Gibraltar, toujours avec l’espoir de rejoindre la RAF. Là, il posa des mines avec le célèbre Lionel Crabb (dont je possède l’une de ses Davis)**. Arrivé en Angleterre c’est au SOE qu’il se retrouva. D’amateur il devint un professionnel formé dans les écoles britanniques les plus réputées de la guerre subversive.
Officier britannique, il fut parachuté en France où il rencontra (dans le désordre) les Français de la Section F du SOE : Déricourt, de Guelis, Dufour, Simon, Violette Szabo… Bob Maloubier fut l’un des principaux acteurs du plus important parachutage d’armes au bénéfice de la résistance à Sussac en juin1944. On le retrouva aussi à la libération de Limoges en compagnie des SAS et autres francs-tireurs. Plus tard, blessé et prisonnier, il fut libéré en convoi sanitaire.
Alors que l’oubli aurait une fâcheuse tendance à s’installer, voilà un livre réconfortant qu’il faut absolument lire, lorsque l’on sait par exemple que dans le même temps, l’armée de l’air cherche à éradiquer ses racines de la France Libre !
Philippe Bauduin
– Préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac
256 pages, 14,5 x 21,5 cm, broché
NDLR :
* Limpet : Mine magnétique déposée par des nageurs de combat. Nom donné par analogie avec les limpets, mollusques communément nommées « patelles » ou « chapeaux chinois ».
** Appareil de respiration en circuit fermé à la chaux sodée (d’un usage délicat) dont la particularité était de ne pas émettre de bulles. Couramment utilisé chez les nageurs de combat.