Quand deux gosses ont envie de se taper, il est impossible de les en empêcher : ils trouveront toujours un prétexte. Cette vérité bien connue des instituteurs est également valable en géopolitique, comme l’ont superbement démontré l’Union soviétique et la République populaire de Chine en 1969. Cette année-là, les deux États se sont affrontés militairement, escaladant jusqu’à faire craindre une guerre nucléaire, pour… 74 hectares de terre, totalement dépourvus d’intérêt, dépassant à peine au milieu des eaux de l’Oussouri.
Poursuivant sa quête des histoires oubliées de la grande Histoire, c’est donc là que Callixte envoie cette fois Gilles Durance, méconnaissable après son pétage de plombs de la fin du tome précédent. Comme il l’avait annoncé lors notre entrevue, l’auteur humanise ainsi un peu son héros, qui s’éloigne du Buck Danny propret et lisse qu’il était auparavant. Il recentre aussi l’action autour de deux personnages principaux, ce qui permet d’intégrer les nécessaires espions sino-soviétiques sans surpeupler son ouvrage.
Il a changé, le héros irréprochable des trois premiers tomes…
L’histoire reste menée tambour battant, avec moult rebondissements, quelques engueulades, une touche de sensualité et, toujours, une dose de « fan service » pour amateurs d’avions — sont cette fois convoqués, entre autres, un Polikarpov U-2, des Shenyang J-6 et Nanchang Q-5, et même… un original S.C.A.N. 30 équipé de ballonnets rétractables !
Le dessin semi-réaliste est toujours parfaitement maîtrisé, traditionnel et dynamique, avec une mise en page généralement sobre qui s’offre quelques fantaisies occasionnelles (fond sombre des planches nocturnes, double page à lire comme une seule planche).
Avec cette quatrième aventure, Gilles Durance se modernise donc subtilement, tout en gardant une narration et un graphisme très « années 60 » qui séduisent à coup sûr les amateurs. On peut regretter encore quelques planches chargées en texte, mais l’ensemble offre un bel équilibre entre récit d’aventures aéronautiques traditionnel et touches de modernité bienvenues.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
0,550 kg
– Les albums de la série Gilles Durance
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Paquet
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© Éditions Paquet
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