Après quatre tomes de Air Forces Vietnam, le duo Wallace-Lepelletier revient avec une nouvelle série : Air America. Ils restent donc au Vietnam, mais l’action n’est plus entièrement militaire et s’intéresse également aux opérations de la CIA menées sous couvert de la célèbre compagnie aérienne.
Au scénario, Wallace n’est plus seul : il est accompagné de Patrice Buendia, connu notamment pour avoir adapté L’avion qui tuait ses pilotes et écrit la partie allemande de la double série L’aigle à deux têtes. La mise en place manque un peu de subtilité, avec deux héros souffrant de nombreux clichés (Janssen, le blond patriote qui accomplit sa mission sans état d’âme ; Hoper, le châtain à mauvaise conscience qui ne veut plus bombarder de civils). Heureusement, la suite est d’un meilleur niveau et les personnages se modifient au fil des rencontres.
L’intrigue oscille entre opérations aéronautiques et polar, sur fond de relations entre militaires et journalistes et de trafics louches. Ce premier volume n’en présente que le début et il est difficile de savoir où le scénario nous mènera, mais il est pour l’instant prometteur, avec une très large zone grise où faire évoluer les héros, « idiot utile de la CIA » ou « crétin consentant de l’USAF ».
Loin de son Canada natal, le Beaver était plutôt à l’aise dans les pistes défoncées du Laos, anticipant le Turbo-Porter immortalisé par Mel Gibson et Robert Downey Jr. ©Éditions Zéphyr
Le graphisme de Julien Lepelletier est toujours aussi précis sur les sujets techniques : il fait partie de ces dessinateurs capables de rendre fidèlement les formes tarabiscotées d’un F-4 Phantom ou d’un F-105 Thunderchief comme l’obésité d’une « baleine » C-46 Commando, et les scénaristes se sont appliqués à lui faire varier les plaisirs – du petit Cessna O-1 Bird Dog à l’énorme Douglas C-124 Globemaster II.
Les nombreux gros plans permettent de constater les progrès de Julien Lepelletier dans le dessin de personnages. ©Éditions Zéphyr
Il progresse notablement sur les êtres humains, dont les expressions sont plus reconnaissables et moins caricaturales que dans ses précédentes œuvres, même s’il conserve sur ce point une marge de progression. L’un dans l’autre, le graphisme de ce premier Air America est agréable, lisible et dynamique.
Premier volume d’une série militaro-policière prometteuse, Sur la piste Hô Chi Min souffre de quelques clichés, notamment dans sa première partie, mais s’avère entraînant et intéressant. Les amateurs du genre attendront donc le deuxième tome avec impatience.
Franck Mée
48 pages, 24,1 x 32 cm, couverture cartonnée
0,600 kg