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Coup de cœur 2021 |
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À l’origine de l’exfiltration des deux pilotes accusés de trafic de cocaïne par les services dominicains en 2015, Christophe Naudin n’imaginait pas l’inimaginable : être arrêté à son tour en Égypte puis extradé vers la République Dominicaine (DNCD) pour y être jugé. Incarcéré pendant plus de deux ans, il est autorisé à retourner en France après avoir signé de faux aveux de culpabilité.
Dans ce témoignage puissant, effroyable et impitoyable, il dénonce les conditions inhumaines du milieu carcéral où les prisonniers s’entassent par dizaines dans des cellules de 5 m2, souvent privés d’eau ou d’électricité, où cohabitent des meurtriers (entre autres, un cannibale), des trafiquants de drogue, et même des procureurs tombés pour avoir revendu les prises de cocaïne saisies lors des fouilles. Et accessoirement, quelques occidentaux que les directeurs de prison ainsi que les geôliers rackettent et dont ils confisquent les biens. Notamment un Américain accusé sans preuve de trafic qui sera autorisé à rejoindre sa patrie après que son pays d’origine aura menacé de couper les subventions versées chaque année à Saint-Domingue. Il sera libéré, certes, sous la condition d’abandonner son pétrolier d’une valeur de 2 millions de dollars en guise d’amende. De même, le Falcon 50 piloté par nos pilotes français, propriété d’Alain Afflelou, sera destiné aux déplacements du président de République.
Cet ouvrage fournit une mine d’informations pertinentes sur le fonctionnement d’un état, qui sous couvert d’une image de carte postale, est en réalité une république bananière dirigée par un système judiciaire et policier corrompu jusqu’à la moelle des os, s’asseyant allègrement sur le droit international. Naudin termine son plaidoyer sur ces mots : « Il faut que les magistrats français acceptent de se fâcher avec la République Dominicaine en leur démontrant que chez nous, la justice, ça marche, qu’ailleurs ça ne marche pas ! » Après lecture, et sachant que les deux pilotes ont été lavés de tout soupçon en appel, on serait tenté d’ajouter : « Et les Affaires étrangères et la diplomatie, chez nous, ça marche ? ».
Dans ce récit poignant et révoltant, Christophe Naudin manie le verbe avec brio et mérite sa place dans les coups de cœur de l’aéronautique à défaut d’une rubrique « coup de sang ».
Corinne Micelli
300 pages, 15 x 24 cm, broché
0,520 kg