Voici donc Brink Hôtel Saïgon, le troisième tome de Air Forces Vietnam, qui clôt le premier cycle de la série en fermant les points laissés en suspens à la fin du précédent volume.
Peu de surprise côté graphique : l’aisance de Cash dans la création d’ambiances, la subtilité de la colorisation et l’accord entre les différentes cases d’une planche apparaît dès l’enfer vert des cinq premières planches. Ses petites limites du côté de l’expression et de l’émotion de ses personnages restent également de mise, de manière peut-être un peu plus visible que dans le tome 2, Sarabande au Tonkin : le scénario impose en effet davantage de gros plans sur les visages et bien moins de paysages, de machines et de dynamisme, domaines où le dessin de Cash prend vraiment son envol.
Wallace a en effet pris le parti, après un tome plutôt orienté action militaire, de revenir longuement et en détails sur la rivalité entre son héros et sa Némésis, qui est au cœur de Brink Hôtel Saïgon. Ce sont d’ailleurs pas moins de trois histoires qui s’entremêlent autour de ce prétexte : une amourette entre le parfait héros et une infirmière métisse franco-vietnamienne, un roman d’espionnage où l’honorable vétéran de la guerre de Corée retrouve son amour de l’époque installée dans la pègre hongkongaise, et les manigances des perfides méchants pour échapper aux poursuites. Il est permis de reprocher à ces trois intrigues le manque d’originalité dans le fond comme dans la forme, et quelques dialogues sont d’un kitsch certain (« Tu seras vengée, ma belle Coréenne, j’en fais le serment », façon Buck Danny de l’époque où Charlier était un jeune auteur cherchant à se placer au journal de Spirou).
Dans l’ensemble, Brink Hôtel Saïgon est donc plutôt agréable à lire et reste un régal à regarder, mais la trame fait souvent sourire par la naïveté de son propos.
Comme les précédents tomes, la version disponible à ce jour en librairies est accompagnée d’un volume documentaire de 80 pages. Celui-ci est la suite logique du fascicule intégré au tome 2, réalisé lui aussi par Samuel Prétat, et comporte une belle monographie sur l’inoubliable Douglas Skyraider. Agréable à lire, le cahier historique apporte un éclairage intéressant aux événements, mais il ne complète plus la bande dessinée comme c’était le cas précédemment : alors que celle-ci se déroule en 1964, celui-là commence en 1965 et s’étend jusqu’à la fin des hostilités. Les amateurs de pure bande dessinée pourraient donc préférer l’album seul, qui devrait également être proposé (les deux premiers tomes sont disponibles seuls depuis le printemps, sous les ISBN 978-2-36118-112-3 pour Opération Desoto et 978-2-36118-113-0 pour Sarabande au Tonkin).
Franck Mée
112 pages, 24 x 32 cm, reliure cartonnée
Les albums de la collection Air Forces Vietnam
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr
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© Éditions Zéphyr