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Air France et Caravelle

Le coup de cœur n’est pas passé loin ! Voici un bel ouvrage, consacré au fleuron de l’industrie aéronautique française civile renaissante des années 50 et 60, dans l’ensemble très réussi. Il est concocté par une équipe de rédaction liée au Musée Air France : Étienne Rachou, son coordinateur, Vital Ferry, Bernard Pourchet, Daniel Gaulard, Jean-Yves Charles, Jean Signoret, etc.

En le prenant en main, on est tout de suite conquis par la qualité de réalisation, très proche de celle des revues « Icare ». En commençant à le feuilleter, c’est fait, on aime, dès ce premier tableau chronologique présenté autour d’un dessin de fuselage de l’appareil, dont chacun des célèbres hublots triangulaires serait une date-clef de cette histoire. La présentation est en général dynamique, mettant en valeur de nombreux encadrés et des documents originaux de grand intérêt.

Cela commence par une Genèse de la Caravelle et une explication de son choix par notre transporteur national. Une partie très brillante nous montre quel merveilleux support de communication fut cet appareil. Des chapitres sont consacrés aux aspects techniques, caractéristiques de l’avion, entretien et maintenance, avec pour ces derniers une présentation assez abrupte, document original à gauche et commentaire à droite, qui donne un peu une impression de fourre-tout sans que l’on comprenne quel en est l’ordre logique.
Le livre est largement illustré, grâce en particuliers aux collections du musée. Il fourmille de témoignages de personnels, au sol, dirigeants, cadres et ouvriers, ou navigant, techniques ou commerciaux, au risque d’inévitables redondances et de l’utilisation de beaucoup de sigles maison.

Le plus gênant, et c’est regrettable quand un ouvrage est édité sous la figure emblématique d’un prestigieux musée, c’est la présence de nombreuses fautes d’orthographe et d’un manque d’unité des temps de narration, voire de quelques anachronismes. Loin de nous l’idée de vouloir nous ériger en ayatollahs du Bled et du Petit Robert, la plus minutieuse vérification n’empêche jamais de laisser une faute ou deux, mais l’accumulation peut fatiguer le lecteur. Ce bel ouvrage manque apparemment d’une solide relecture de certains chapitres.
C’est par exemple ponctuel et pardonnable page 37 (accord pluriel, oubli d’un verbe) ça s’aggrave page 40-42. Page 41, on nous parle, lors de la construction, d’un acheminement des tronçons par Super Guppy, pas totalement impossible puisque cet appareil commença à être utilisé à Toulouse à partir de 1971, mais la construction de la Caravelle cessa en 1973 et les transports d’éléments à partir de 1955 furent plutôt assurés par train, comme cela nous est expliqué par ailleurs. Mais quand le paragraphe se termine par « Une flotte importante de Beluga assure le transport », on nage en plein anachronisme. On trouve encore quelques fautes dans la suite de l’ouvrage, mais plus clairsemées.

Les autres chapitres concernent l’exploitation, puis le retrait des Caravelle à Air France, ce qu’il en fut pour quelques compagnies sœurs ou associées, voire en détachement sous les cocardes, un petit album mondain de ses illustres passagers tournant au quiz (« Nous laisserons à nos lecteurs le soin de reconnaître ces stars à la passerelle de Caravelle… ») et quelques jolies pages de souvenirs philatéliques.

La liste des appareils d’Air France est donnée en annexe page 366, j’y ai retrouvé avec plaisir la « Titi » F-BJTI qui servait de classe volante à l’ENAC après avoir été transférée d’Air France. Ceux d’Air Charter International sont indiqués page 269, ceux d’Air Inter partiellement listés page 270 (les Caravelle III seulement, dommage car on aime retrouver les appareils que l’on a connus, en l’occurrence les Super XII F-BTOC et F-GCVL pour moi, mais il ne faut pas perdre de vue que le sujet principal reste Air France).

Caravelle, c’est un nom qui, depuis Christophe Colomb, nous a beaucoup fait voyager, ne serait-ce qu’en pensée. Cette lecture y contribuera clairement. Ce livre est presque parfait…

Jean-Noël Violette


385 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple

En bref

Musée Air France

40 €