L’Histoire a parfois ceci de pervers qu’elle dégage généralement certains noms en tête d’affiche en faisant abstraction de façon abusive de personnages ayant néanmoins joué un rôle non négligeable, par le biais de raccourcis simplificateurs. C’est ainsi qu’Alexandre Liwentaal, au parcours bouillonnant et prolifique, est de ceux qui tombèrent dans les oubliettes de l’Histoire, quand bien même il fut un pionnier d’une importance certaine.
Citoyen helvétique de souche estonienne, né en 1868, Liwentaal collabora avec les plus grands de l’époque, Tissandier, von Zeppelin et Maxim, et mit au point dès 1894 l’Aérostat, le premier appareil au monde à voler avec des commandes de vol. Éclectique, il s’avéra un précurseur dans l’ombre des plus célèbres, apportant sa pierre à l’édifice, et ce dans plusieurs domaines, aérostation, motorisation, aviation, mais également transport maritime ou communication. Esprit ingénieux, il déposa de nombreux brevets, dont un procédé de stabilisation par jets d’air comprimé.
Exhumer Alexandre Liwentaal de l’oubli était chose louable. Jean-Claude Caillez, historien des sciences, s’y est livré avec méthode et minutie, sans toutefois nous proposer un livre aride. On imagine, à la lecture, que réunir et traiter un tel volume d’informations, dûment recoupées et vérifiées, a nécessité une appréciable somme de travail. Cet ouvrage, ni anecdotique ni régionaliste, est agrémenté d’une abondante iconographie (documents rares) et se voit enrichi en annexes d’une importante bibliographie, d’un index alphabétique et autres tableaux et chronologies.
Ce livre complet, sérieux et soigné, s’avère indispensable à qui manifeste de l’intérêt pour les précurseurs et les pionniers de l’aviation.
Philippe Ballarini
224 pages, 16,5 x 24 cm, couverture souple.
– Coup de cœur 2004.