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André Japy

Pilote de records
(1904-1974)
Philippe Busch

Tout pilote qui a plus ou moins bourlingué sur les petits aérodromes de France (ou de son ancienne zone d’influence) pendant la seconde moitié du XXe siècle connaît la « pompe Japy » qui, souvent associée à une peau de chamois quand la provenance de la réserve était douteuse, permettait de transférer à la main du carburant à partir de fûts de 200 l pour faire le plein loin des pompes officielles, en se musclant au passage biceps et triceps. Ceux qui, en plus, s’intéressent à l’aviation française de record de l’Entre-deux-guerres, savent que Japy fut aussi un pilote aux raids restés mémorables. Le rapport entre les deux est surtout une affaire de dynastie industrielle, bien qu’on imagine volontiers, mais a priori à tort, l’idée de la pompe universelle surgie des pensées du pilote lors d’une panne sèche sur une piste extrême-orientale.

Philippe Busch, dans un livre de 260 pages, vient nous raconter la vie de ce pilote, qui mérite de ne pas tomber dans l’oubli.

L’ouvrage commence par un surprenant chapitre de 10 pages racontant, détail par détail, le déclenchement de la Première Guerre mondiale, et l’auteur semble l’avoir rédigé avec délectation. On comprend heureusement à la huitième page que la démarche avait pour but d’évoquer le décès au front du capitaine Japy, père de notre futur héros. Le deuxième chapitre se recentre un peu plus sur le sujet, par l’explication généalogique de l’empire industriel Japy. La suite glisse progressivement vers la formation de pilote d’André Japy, puis vers le récit de ses nombreux exploits pendant les années trente, et enfin nous narre sa vie plus paisible après-guerre en Polynésie. Sur le fond, on peut juste regretter le caractère hypothétique de certains passages, avançant qu’André Japy « devait être présent » au passage d’un avion en 1912 et que cela « dut bien évidemment l’impressionner » (page 30), ou supposant page 35 : « on imagine qu’André […] est bien sûr présent le jour de l’inauguration de l’aéro-club ».

Sur le plan rédactionnel, l’ouvrage souffre d’un manque de relecture. La mise en page est parfois hésitante au niveau des retraits, ce qui ne permet pas de savoir si un passage est de la plume de l’auteur ou s’il cite la presse de l’époque, car il ne le précise pas toujours. La ponctuation paraît aléatoire au niveau des virgules dans le texte et des points-virgules dans les énumérations. Pour ce qui est des temps de narration, cela manque d’unité, et l’on trouve continuellement dans les paragraphes une valse à trois temps (passé, présent, avenir). Les puristes regretteront l’orthographe hésitante de Breguet (« Bréguet » page 99/100 et « Breguet » pages 103/104), la mention d’avions n’ayant jamais existé (Morane 630 page 94, Piper Cub Cherooke B page 226) ou leur mauvaise identification (photo d’un « Piper Cub » page 236 alors qu’il s’agit d’un Pa28). On trouve aussi quelques défauts d’accord de pluriel « Sa mère et son frère Albert insiste… » ou des kilomètres abrégés en kms. Mais ce qui caractérise surtout la rédaction, c’est son côté « compte-rendu technique » qui peine à faire vivre le récit.

L’impression sur papier glacé paraît luxueuse pour le texte, écrit en très gros caractères, mais permet de mettre en valeur l’iconographie. C’est intéressant pour les photos, mais comme beaucoup semblent tirées de journaux, leur tramage est trop marqué. Le référencement de ces illustrations, en fin d’ouvrage, est inhabituel, citant comme sources, aux côtés du très officiel Service historique de la défense, les « revues de l ‘époque […] qui circulent aisément aujourd’hui » et « divers sites sur le Web ».

Cet ouvrage ne restera pas dans les annales comme un modèle de littérature, mais il a le grand mérite de faire revivre les exploits d’un aviateur qui fut célèbre en son temps, et c’est déjà bien.

Quant au rapport entre André Japy et la pompe du même nom (en photo page 17), le sujet n’est pas abordé. Mais il faut bien nous laisser encore rêver un peu avec une once de mystère…

Jean-Noël Violette


262 pages, 17 x 24 cm, broché
0,695 kg

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Éditions de l’Officine

ISBN 978-2-35551-270-4

22,50 €