Nous avions laissé Angela dans la jungle, seule avec « Jinx » après l’attaque de leur Curtiss C-46. Nous les y retrouvons logiquement, la farouche pilote au caractère de cochon devant survivre avec la jolie pin-up superficielle, en traversant les marais, les sangsues, les rivières et les patrouilles japonaises, pendant que se déroule au-dessus de leurs têtes un acte majeur du conflit sur le front Chine-Birmanie-Inde.
Ce n’est pas sur le plan graphique qu’il faut attendre des surprises : Romain Hugault poursuit dans sa veine habituelle, avec des formes généreuses, des avions travaillés jusqu’au dernier boulon, des palettes de couleurs subtiles et parfois flamboyantes, une mise en page agréable et plutôt aérée. Les plus pinailleurs trouveront qu’il en fait un peu trop, par exemple en ajoutant un flou de mouvement pour dynamiser le décollage d’un Lysander — l’un des avions les plus lents de l’histoire —, mais il rend à son habitude une très belle copie.
Manger ou être mangé, telle est la question.
Nous serons un poil plus réservés du côté du scénario : Yann semble, une fois n’est pas coutume, avoir cédé à la tentation de tout mettre. Nos héroïnes doivent survivre à la liste quasi-intégrale des défis posés aux aviateurs tombés dans la jungle, jusqu’à la destruction d’un Sikorsky R-4 venu les évacuer. Certes, cela permet de sortir Jinx de son rôle d’écervelée et de lui donner un peu de relief mais, à un moment donné, cette accumulation de rebondissements manque de naturel. Du côté aérien, Rob découvre un P-47 tout neuf, participe à la grande offensive des Alliés en Birmanie et se retrouve aux prises avec Evalina, un célèbre P-51 capturé par les Japonais. Là encore, la multiplication des ressorts est un peu trop poussée, sans compter que l’Histoire est franchement trahie au passage : Evalina était trop précieux comme outil d’évaluation et de formation pour que les Japonais prennent le risque de le renvoyer sur le front.
Evalina de retour sur le front après sa capture ? Mais bien sûr…
Le résultat est une quarantaine de pages dignes d’un film d’action hollywoodien, entraînantes mais souffrant un peu d’une abondance de clichés et de rebondissements, suivies sans la moindre transition d’un retour brutal à la vie civile et d’un bouclage express (trois planches seulement !) de toute l’intrigue autour de la sœur d’Angela. Faire quelques choix dans les possibilités sylvestres aurait tout à la fois réduit leur aspect exagéré et laissé la place de boucler la série en douceur…
Ce grand finale un peu bancal ne doit cependant pas éclipser l’ensemble : en trois albums, Angel Wings reste pour l’heure la meilleure série du duo, avec un scénario plus complet et plus subtil que leurs précédentes collaborations. Espérons juste que, la prochaine fois, Yann apportera à la conclusion le même soin qu’à la mise en place et au développement…
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
Les albums de la série Angel Wings
Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet
Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet
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