Après avoir découvert le Pacifique dans le tome précédent, nous retrouvons Angela, toujours flanquée de sa starlette en tournée, dans un destroyer bientôt coulé par un Yokosuka Ohka. Afin de nous remettre directement dans le bain, nous retrouvons d’emblée son caractère doux et prévenant, tant vis-à-vis de sa compagne d’infortune (« Je vais t’étrangler si tu n’arrêtes pas de geindre ! ») que des mâles qui les observent (« Je voudrais vous y voir après une attaque kamikaze, un naufrage et deux jours de mal de mer ! »).
Le décor est planté : Angela ne change pas, sa tête de mule bien trempée non plus, et elle ne va pas rester les bras croisés pendant que le monde se déchire. Et puisqu’il faut lui trouver une mission, c’est le Mustang « Josephine » basé à Iwo-Jima qu’on lui confie : avec un radeau auto-gonflant accroché sous l’aile, elle va secourir les pilotes perdus en mer et les avions de retour du Japon.
Nouvelle tâche pour cette WASP parvenue à Iwo-Jima : l’assistance des équipages rentrant de mission.
Le scénario de Yann suit toujours les aventures d’Angela et de ses camarades, rythmées et tendues, qu’il s’agisse de ramener un Superfortress endommagé, d’affronter des Shiden ou de traverser un orage en formation — l’expérience la plus dangereuse de toutes. Afin d’équilibrer le propos, il y mêle une part historique intéressante avec l’avancement du projet Manhattan, des moments de romance un peu artificiels et une touche burlesque bienvenue, à base de plaisanteries, de comique de situation et d’yeux écarquillés.
Il faut dire qu’aux pinceaux, Romain Hugault semble s’être fait plaisir en ajoutant encore un bonnet à Angela. Pourquoi ? Mystère. Alors que le scénario évite toujours soigneusement de faire de l’héroïne un pur alibi sexuel et lui donne de vraies missions et un vrai caractère, il suffit de comparer avec le face-à-face Angela-Jinx du premier tome pour voir que sa silhouette s’est spectaculairement rapprochée d’une caricature de pin-up à gros seins.
Une rapide comparaison avec le tome 4 indique que Hugault fait un pas de plus vers les œuvres des frères Montgolfier.
Cette critique mise à part, Hugault fait à son habitude un superbe travail : mise en pages aérée, personnages expressifs, avions fidèlement reproduits à l’allure dynamique, jeux de couleurs magnifiques de la terre aride au cœur des nuages…
Ainsi, si l’on oublie que notre Américaine a désormais un profil de montbéliarde, Yann et Hugault nous offrent un nouveau très bon tome, associant un scénario rythmé et varié à un graphisme dynamique et précis.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
Les albums de la série Angel Wings
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
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