Le 1er juin 2009 l’Airbus A330 du vol AF447 Rio-Paris s’engloutissait dans l’Atlantique. Dix ans après cette perte, la plus grande catastrophe de l’aviation française avec ses 228 victimes (passagers et personnel navigant), le journaliste d’investigation Roger Rapoport et le pilote de ligne Shem Malmquist cosignent un volume consacré à cet accident.
Mais pas uniquement sur la chute du Rio-Paris dont les raisons techniques sont multiples et variées, avec des racines profondes (l’accident de l’A320 d’Habsheim y est évoqué), mais aussi l’inertie dans les changements requis qui expliquent en partie des accidents qui sont arrivés plus tard comme ceux des Boeing 737 MAX.
La première moitié de l’ouvrage est consacrée au vol Air France AF447, reconstitué au mieux, son équipage, puis la longue recherche de l’épave et des erreurs initiales qui ont causé tant de retards et d’échecs dans cette quête. Puis le livre braque les projecteurs sur des évolutions lourdes du transport aérien, que ce soit au niveau de la formation des nouveaux pilotes de ligne, la conception des systèmes complexes, la programmation informatique des commandes de vol, les limites des simulateurs de vol, le rôle des institutions de tutelle, celui des avionneurs…
Et c’est là le principal atout de ce livre. Mais c’est également la principale difficulté de cette lecture. Si les auteurs ont fait un effort de vulgarisation, le livre reste par endroits difficile à lire et à comprendre. Certains concepts ou postulats auraient gagné à être expliqués en détail en début d’ouvrage, ou dans des encadrés spécifiques. Des croquis, des tableaux ou des graphiques auraient parfois apporté de la clarté et un peu de variété dans la lecture de ces 300 pages. Un autre point qui nuit à la facilité de la lecture concerne les notes, malencontreusement regroupées en fin d’ouvrage (12 pages au total), et non en bas de page.
Il faut également signaler que c’est Shem MALMQUIST qui a reproduit en simulateur les circonstances qui ont conduit à la perte de l’Airbus. Du difficile rattrapage de la situation il est écrit : « Dans la vie réelle, ce plongeon de nuit sans visibilité serait hallucinant, sauf pour quelques pilotes d’essai chevronnés Bien que le simulateur ne puisse reproduire les accélérations subies pendant cette manœuvre, l’événement se révéla différent de n’importe quel entrainement connu de Malmquist. »
Une liste de nouvelles conclusions de 5 pages du pilote de ligne français Gérard Arnoux, rédigée en 2015 pour venir appuyer l’association des familles, est intégrée au cœur de « Angle d’Attaque ». Il est à noter qu’il est également l’un des deux traducteurs principaux, avec Fréderic Alline. L’ouvrage est plaisant à lire, malgré la difficulté du propos énoncée ci-dessus. On note quelques rares coquilles, une répétition de paragraphes pages 175-176-177, et l’Institut Aéronautique Amaury de la Grange est implanté sur l’aérodrome de Merville (pas Melville, page 29).
On sort de cette lecture mieux informé sur la perte du vol AF447, et avec probablement plus d’interrogations sur l’évolution du transport aérien, questions que l’on ne se posait pas avant.
Jocelyn Leclercq
297 pages, 15,5 x 23 cm, couverture souple
0,490 kg