Le général Antonin Brocard (1885-1950), « chef imperturbable et intrépide au regard clair et prompt » et premier commandant du groupe de chasse « Les Cigognes » pendant la Grande Guerre, et resté dans toutes les mémoires, méritait bien que son fils regroupe écrits et témoignages le concernant pour une intéressante et touchante biographie.
Si cet hommage d’un fils à son regretté père est pétri d’admiration pour le courageux combattant qu’il fut, il présente aussi le valeureux pilote sous un angle plus confidentiel et familial en proposant des extraits de ses lettres à sa famille, certains discours qu’il prononça parfois pour saluer la mémoire d’un de ses pilotes décédé, ainsi que de nombreuses anecdotes.
On retrouve aussi le commandant Brocard, tireur exceptionnel, aux commandes de son Nieuport ou de son Spad, à la tête d’un groupe de plusieurs unités de chasse dont la très célèbre escadrille Lafayette (volontaires américains), survolant Verdun, la Somme… et ce chef exemplaire, adoré par ses hommes, les célèbres Guynemer, Dorme, Deullin, Heurtaux, Garros, Madon, Nungesser, Fonck, tous As de la Grande Guerre, certains morts au champ d’honneur. Sous son impulsion et son exemplarité, Brocard mit ses « cigognes » à la pointe de la flèche, au cœur d’une mêlée où s’écrivirent les plus belles pages de l’aviation de chasse française.
Au fil des pages, on découvre le courage et la volonté farouche des aviateurs de cette époque où les machines limitées en puissance, et l’armement tenu à bout de bras, exigeaient des prouesses physiques pour dominer l’ennemi et le vaincre. On lira avec intérêt les récits de combat admirablement écrits comme ceux de René Chambre sur l’affrontement entre Brocard et Allwoerden, Nieuport contre Albatros, dans un ciel plombé de l’Oise. Mort et gloire étaient parfois au rendez-vous dans l’un ou l’autre camp, toujours entrain, courage, camaraderie, patriotisme, compétence technique, abnégation, esprit de sacrifice.
Après la guerre Brocard aborde une carrière politique. Élu député, il bat Maurice Thorez dans son fief. Il est vice-président de la commission de l’armée à la Chambre et président de la commission de l’Air. Ses prises de position et discours de cette époque permettent de voir à quel point il continue à œuvrer pour le bien commun, s’inquiétant en particulier de la montée en puissance de l’aviation allemande, des insuffisances et de l’instabilité du ministère de l’Air, et plus généralement de l’indécision politique…
En 1939, il est mobilisé et prend le commandement des bases de formation de pilotes de chasse ; en 1940 il commande la Défense aérienne. Son dernier ordre est de sauver les restes de notre aviation et d’évacuer coûte que coûte les appareils (Dewoitine…) vers l’Afrique du Nord et la Grande-Bretagne…
Quelques souvenirs personnels de famille, en sa maison d’Orgeval, présentent aussi Antonin Brocard et ses proches dans la vie quotidienne. Ses goûts pour le théâtre et surtout pour la chasse en montagne, sur les hauteurs de Peisey-Nancroix, en Savoie, complètent ce vivant portrait d’un Allobroge vaillant ayant sans cesse tourné ses yeux vers le ciel pour donner un sens à sa belle vie.
Richard Feeser
390 pages, 24 x 17 cm, couverture rigide, papier glacé
Nombreuses photos et illustrations
Lettre du général Abrial, chef de l’État-major
Préface de Patrick de Gmeline