Les premiers pas de l’homme sur la Lune furent certainement l’un des événements les plus importants de l’Histoire de l’humanité. C’est un fait d’une grande évidence qui explique vraisemblablement pourquoi, aux approches du cinquantième anniversaire de cet épisode primordial, les publications traitant de ce sujet nous arrivent comme une pluie de météores. Nous aurions pu nous attendre à une vague d’ouvrages quasi-identiques, mais les éditeurs ont apparemment rivalisé d’originalité. Dunod ne pouvait être en reste et s’est grandement éloigné de ses standards habituels. En effet, pour que cet éditeur, spécialisé dans les ouvrages universitaires et professionnels, nous propose une bande dessinée, il fallait que ce fût au sujet d’un événement de portée historique et mondiale.
Et si l’on voulait, chez Dunod, se distinguer du lot, c’est réussi. Le format et le façonnage de l’ouvrage Apollo, des hommes sur la Lune ne laissent pas entendre, pas plus que la couverture, que nous sommes en présence d’une bande dessinée. La vérité est que cette publication peut dérouter les « bédéphiles » et autres « bédévores » accoutumés à des standards définis et aussi rigides que la couverture de leurs albums. Il est vrai que présenté comme un « roman graphique », cet Apollo bouscule les poncifs.
Roman historique, il l’est à coup sûr. Historique par son sujet, roman par son approche dont l’imaginaire est loin d’être absent. Truffé d’analepses*, il fait intervenir au cours de la mission, nombre de parenthèses dans lesquelles on rencontrera Richard Nixon et Howard Hughes. Sont insérées des rêveries qui ont pu hanter l’esprit des astronautes au cours de leur mission, nous rappelant au passage que la mission Apollo 11 eut lieu en pleine guerre du Vietnam. En fait, ce roman graphique sur fond de réalité n’est pas fait pour celles et ceux qui ignorent quasiment tout de cette mémorable mission (cela existe-t-il ?), pas non plus pour des lecteurs avides de récit historique méticuleusement narré. Dans une aventure que l’on nous présente sans cesse sous le même angle hagiographique, voir surgir une place importante accordée à l’humain, voilà qui peut être intéressant.
Des vignettes « tramées », comme c’était le cas dans les années cinquante-soixante.
On retrouvait ces « trames pointillistes » dans la plupart des journaux.
Originale, cette BD — ou plutôt ce roman graphique — l’est à coup sûr. D’un format inhabituel (160 pages, 17 x 14 cm), elle se voit gratifiée d’un mode graphique inaccoutumé. En effet, les images présentent des « trames pointillistes », apanage des anciens « comic books », que l’on ne voit plus depuis longtemps et que l’illustrateur Mike Collins (qui n’a rien à voir avec l’astronaute) a « réveillées ». Cela ne manque pas de bon sens et nous replonge dans l’univers de la bande dessinée des années soixante… époque où l’homme mit le pied sur la Lune. Le parti-pris « esthético-historique » est flagrant et s’harmonise fort bien avec le traitement du scénario (aux fréquentes connotations dramatiques), de même que le découpage (la « mise en scène ») a quelques accents cinématographiques.
L’Apollo de Fitch, Baker et Collins est à l’origine une publication en langue anglaise des éditions SelfMadeHero (juin 2018), une maison londonienne spécialisée dans le roman graphique. Cette version bénéficiait d’une couverture rigide assortie d’une jaquette, laquelle a cédé la place à une couverture semi-rigide à grands rabats. On ne se plaindra néanmoins pas de la qualité de l’impression sur un papier d’un grammage plus que respectable.
Philippe Ballarini
160 pages, 17 x 24 cm, couverture souple + grands rabats
0,527 kg
existe en ebook
Traduction : Benjamin Peylet
* analepse : retour en arrière, flaskback
Tous les livres sur le thème « Apollo »
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Dunod
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Dunod
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Dunod
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Dunod