J’ai découvert l’archéologie aérienne peu après mon arrivée au Service Historique de l’Armée de l’Air, à la fin des années 90, au travers de nombreuses demandes de renseignements y arrivant régulièrement de France, mais aussi de l’étranger : lorsque les archives du SHAA permettaient de situer on ne peut plus approximativement la chute d’un avion français, elles étaient en revanche totalement muettes sur le sort d’équipages étrangers. Pour essayer de répondre aux familles des aviateurs disparus ou aux érudits essayant de reconstituer un peu de leur histoire locale, il n’y avait d’autre solution que de s’assurer le concours – totalement bénévole – de quelques passionnés de ce genre d’enquête.
Parmi ces « airchéologues », ainsi que je les avais baptisés (par abus de langage), les frères alsaciens Patrick et Marc Baumann menaient déjà de véritables enquêtes policières (étude et recoupement des archives, des témoignages, enquêtes sur le terrain, fouilles et identification des avions, etc.) Le SHAA tenta dès lors de ne plus laisser de demandes de renseignements sans suites, grâce à son chef de l’époque, le général de Sacy, qui estimait qu’essayer de répondre aux familles des aviateurs
était un devoir, y compris en sollicitant des passionnés bénévoles.
Comme beaucoup de ces airchéologues, les frères Baumann n’ont acquis pour seules richesses que de nombreuses amitiés locales mais aussi étrangères, dans l’Allemagne voisine, aux États-unis, en Angleterre, etc. Leur but, comme celui de leurs homologues allemands Uwe Benkel et Werner Kilchling : honorer la mémoire de tous ces aviateurs, abattus lors de combats aériens, en rendant à ceux qui sont encore vivants ou à leur famille les vestiges des avions trouvés dans la terre.
Mais aussi, dimension supplémentaire et rare, faire se rencontrer sur les lieux de crash des appareils les anciens adversaires survivants… Cela n’allait pas de soi, même dans une Europe moderne en paix : tandis que les anciens adversaires ont oublié haines ou idéologies et se serrent dans les bras avec émotion, leurs familles tissent de nouveaux liens à travers les océans… Il fallait oser le faire, avant la disparition de tous ces anciens combattants, même si cela n’empêchera décidément pas les consciences de comprendre que la guerre a encore de beaux jours devant elle, ailleurs dans le monde…
Le magnifique et documentaire de Denis Becker constitue le complément idéal du livre Tombés du Ciel.
Georges-Didier Rohrbacher
DVD documentaire de 52 minutes + bonus
Chez les Frères Meier à Bremgarten
Archéologue Aérien © France 3 & CasaDei Productions 2009
B-17 récupéré par les Allemands à Algolsheim en 1944
Archéologue Aérien © France 3 & CasaDei Productions 2009