2013 restera dans les annales du Service Historique de la Défense comme une année turbulente, qui aura vu la démission de plusieurs de ses responsables, départs que certains observateurs ont interprété comme l’illustration des relations difficiles qui régneraient entre les institutions militaires et celles de la Culture, toutes deux impliquées dans sa gestion, mais avec parfois des objectifs sensiblement différents. Divers articles publiés à cette occasion sont revenus sur les bouleversements qui ont suivi le rassemblement au sein d’une même direction des services historiques des différentes armes, dont la taille plus réduite – en particulier pour ce qui concerne l’armée de l’Air, semblait rendre l’accès aux archives plus facile. Deux témoignages, l’un d’un universitaire aixois, l’autre d’un chercheur « amateur », stigmatisaient en particulier les difficultés rencontrées depuis la mise en place de nouvelles procédures qui limitent le nombre de cotes consultables dans la même journée, procédure particulièrement contraignantes pour des provinciaux qui se retrouvent ainsi parfois désoeuvrés en face de documents rapidement exploités et devant ainsi remettre à une visite ultérieure la suite de leurs recherches.
Mais avant que l’on nous accuse de brosser un tableau exagérément sombre de la situation, précisons que des habitués des Aéroforums travaillent régulièrement à Vincennes dans des conditions qu’ils jugent raisonnablement satisfaisantes, sans pour autant nier le réel handicap que représente ces conditions de réservation des documents. Difficile de croire toutefois à une volonté d’écarter le grand public des salles de lecture du château de Vincennes à la lecture de ce petit fascicule que vient d’éditer le SHD, ouvrage présenté comme un « guide du lecteur dans les fonds du Service Historique de la Défense », essentiellement destiné au visiteur néophyte, et donc propre à augmenter encore davantage la fréquentation des lieux.
Comme le rappellent les auteurs, les quatre-vingt pages de l’ouvrage, partagées en trois sections principales, ne peuvent détailler la masse des archives détenues par le SHD, informations contenues dans les milliers de pages des divers catalogues et index qui sont progressivement mis en ligne pour certains.
La première partie présente l’origine et l’étendue des collections détenues par l’institution à travers la France et fournit les premières pistes pour organiser et orienter ses recherches sur le papier comme sur Internet, mais détaille également les conditions de reproduction et d’utilisation des documents. Suit la description plus détaillée des fonds conservées à Vincennes, mais aussi dans huit autres lieux moins connus et disséminés à travers notre pays : Caen, Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort, Toulon, Châtellerault et Pau, dont plus de la moitié concernent l’histoire de notre Marine. Les habitués des archives militaires françaises trouveront peut-être ici de nouvelles pistes dans la présentation de sites qu’ils connaissent moins bien. Enfin, l’ensemble est complété par un certain nombre de fiches thématiques se proposant d’apporter de l’aide au chercheur à propos d’un lieu, une unité, un conflit, etc.
Au-delà de son aspect purement pratique, ce guide n’est pas sans intérêt pour l’amateur d’histoire militaire qui souhaite mieux comprendre comment travaille les historiens, en lui donnant un aperçu global des sources militaires qui sont mises à leur disposition, ceci pour un prix très modique.
Bonnes recherches…
Pierre-François Mary
80 pages, 16,8 x 24 cm, couverture souple