La prolifique littérature aéronautique, notamment en matière de biographies – autobiographies, est quasiment consacrée uniquement aux pilotes. Il est bien rare de trouver des récits personnels racontés par des non-pilotes ou consacrés à ceux qui n’étaient pas aux commandes de ces machines volantes. Ce livre-ci fait donc exception, et encore, Jean-Claude Pitra a fini par passer son brevet de pilote privé en 1979 ! Mais comme le laisse augurer le titre, cette autobiographie raconte sa carrière d’officier mécanicien navigant.
Le récit s’ouvre sur un long prologue intitulé « Témoignage d’un enfant sur son époque ». Jean-Claude Pitra est né en 1937 à Toulon, et raconte par le menu ses souvenirs sur les combats de la Libération en août 1944. Puis son engagement à quinze ans à l’école des apprentis mécaniciens de la flotte, ses premières années à l’escadrille 58S et en 1962 son engagement à Air France. Sa formation initiale à Vilgénis laisse place à un détachement temporaire de trois mois qui durera au final trois ans et demi (1964-1967) à Madagascar. Ce séjour malgache représente presque la moitié du livre. Il est forcément exotique, tant par la géographie que les équipements au sol (ou leur absence) et la façon de voler, sur DC-3 puis sur DC-4. De nombreuses anecdotes émaillent forcément cette partie joliment titrée « Hélices au pays des merveilles », dont un démarrage à l’élastique et un convoyage épique du DC-3 F-BBBE pour le ramener en France. S’ensuit une affectation de courte durée à la Postale de nuit, la conversion sur Caravelle, puis sur Boeing 707, chapitre qui est peut-être le plus attrayant et le plus agréable à lire. L’auteur travaille ensuite à l’organisme du contrôle en vol, service peu connu du grand public et que ce livre tirera sûrement un peu de l’ombre. Il participe aux réformes de la fonction d’officier mécanicien navigant vers celle d’ingénieur navigant de l’aviation civile, marchepied vers la conversion en pilote de ligne, corollaire du passage en équipage à deux. Le Boeing 747 clôture la carrière opérationnelle de Jean-Claude Pitra, ainsi que plusieurs années aux manettes du B-17« Forteresse Volante » de La Ferté-Alais. Dommage que cette période liée à l’aviation ancienne et aux fêtes aériennes ne soit pas plus développée.
De nombreuses illustrations noir et blanc émaillent le récit. Malheureusement, elles sont bien trop petites et bien trop sombres, presque charbonneuses, pour pouvoir être appréciées à leur juste valeur. La qualité du papier convient parfaitement pour le texte, mais pas pour l’iconographie. Quelques cartes « au trait » auraient été plus lisibles que certaines cartes aériennes. C’est là le seul gros défaut de cette autobiographie. Première et quatrième de couverture apportent les seules touches de couleur de l’ouvrage au célèbre bandeau rouge des éditions JPO.
L’épilogue a une petite allure de règlement de comptes, tandis que l’avant-dernier chapitre « L’adieu aux armes » cherche à faire passer un message d’espoir et d’encouragement aux plus jeunes. Ce livre agréable à lire ira sans mal rejoindre toute étagère de bibliothèque dévolue aux lignes aériennes commerciales, digne témoignage d’un OMN titulaire de 17 000 heures de vol.
Jocelyn Leclercq
265 pages, 15,3 x 24 cm, couverture souple,
0,430 kg