Le Général Copel tient une place particulière dans l’histoire de l’armée de l’Air et ce, à double titre. Il est d’abord un des quatre navigants* à avoir largué une arme nucléaire réelle, en ce qui le concerne le 28 août 1973, à Mururoa, lors de l’opération « Tamara » consistant à valider l’arme AN 52. Il est ensuite nettement plus connu pour avoir démissionné de ses fonctions de sous-chef opérations de l’État-major de l’armée de l’Air, en 1984, se jugeant en désaccord complet avec la politique de défense menée alors, en particulier sur les questions de service national, de primauté de la dissuasion nucléaire et de négligence du danger chimique. Voilà qui est déjà largement suffisant pour nourrir nombre de souvenirs riches et hauts en couleur, auxquels s’ajoutent ceux accumulés après son départ, à partir duquel il ne s’est aucunement mis en retrait de la vie publique, bifurquant vers l’écriture et la publication (quatre ouvrages, nombreux articles d’opinion) et les responsabilités publiques (conseiller général de l’Aube, président du Parc naturel de l’Aube).
Du seul point de vue aéronautique, on peut regretter dans un premier temps que seulement 17 pages soient consacrées à l’épisode polynésien, avec peu de détails opérationnels et techniques, mais le Général Copel traite sur le même plan tous les épisodes de sa carrière, de l’École de l’air à Cambrai, de l’Algérie à Colmar, de Luxeuil à l’État-major. La relation très objective de sa carrière militaire, ne négligeant ni les succès, ni les ombres, alterne d’ailleurs avec celle de sa vie familiale qui occupe également une bonne part des pages de l’ouvrage. On appréciera aussi la liberté de ton du chapitre VIII, dans lequel Etienne Copel évoque brièvement ses rencontres avec 18 personnalités politiques et du monde des idées aussi différentes que l’amiral De Gaulle, Simone Veil ou encore Olof Palme. Au final, cette autobiographie au style accessible, sans fioriture ni lyrisme superflus, se lit facilement ; les amateurs d’aviation militaire pourront être quelque peu déçus, mais ils ne doivent pas perdre de vue que ce livre constitue avant tout un nouveau vecteur des idées de l’auteur, dont les préoccupations de sécurité nationale et l’amour profond pour son pays sont toujours intacts.
Bernard Palmieri
* Cdt Dubroca et Cne Caubert (Mirage IVA), Cdt Gautier (Jaguar) et Lcl Copel (Mirage IIIE)
268 pages, 16 x 24 cm, couverture souple
0,413 kg