En 2010, Philippe Stanguennec publiait chez L’esprit du livre Au service de l’espoir, un livre qui fut très bien accueilli mais dont hélas l’éditeur dut cesser son activité.
L’auteur commercialisa ensuite lui-même son ouvrage, mais bien entendu d’une façon quasi confidentielle, puisqu’il ne disposait pas de la puissance de diffusion d’un éditeur professionnel.
2016 : Son livre ressort de l’oubli où il était en train de s’enfoncer. Au service de l’espoir est désormais édité par JPO, la prolifique maison d’édition de Jean-Pierre Otelli, connue pour ses livres au bandeau rouge.
Au service de l’espoir avait fait l’objet d’une critique enthousiaste et laudative du colonel Richard Feeser en 2010. Il n’y a aucune raison d’en modifier une ligne.
Sympathiques et intéressantes les aventures du capitaine Philippe Stanguennec, « Stang », aux commandes de son avion bimoteur C-160 Transall, à bord duquel il a sillonné tous les cieux du monde, pendant douze belles années. Le livre raconte ses voyages, dont les nombreuses destinations feraient pâlir d’envie les meilleures agences du même nom, avec un réel talent de narrateur, saisissant le détail, le pittoresque ou l’exceptionnel des situations, sur un ton enthousiaste, à la découverte d’un si joli monde… Comme ils sont étonnants et inattendus ces Toubous du Nord Tibesti, ou ces Africains qui forcent en castagnes la porte du cargo pour embarquer ! Comme ils sont surprenants ces Indiens d’Amazonie, visités par le président Chirac, et si charmantes et souriantes ces jeunes Cambodgiennes rencontrées en escale à Phnom Penh, au bord du Mékong, en route vers la Nouvelle-Calédonie, lors d’une relève avion !
Beaucoup ont attendu impatiemment le ronronnement du célèbre bimoteur comme un soulagement, car souvent « Stang » est allé secourir les naufragés de la nature ou de la guerre. Pour le remercier de sa générosité, des paysages magnifiques ont défilé sous ses ailes qui zigzaguèrent autour des cumulonimbus surplombant déserts et océans, survolèrent forêts et pitons andins pour une percée finale à Quito, assurèrent des atterrissages risqués sur des pistes de fortune, en latérite au Tchad, ou sur d’étroites saignées de la forêt amazonienne. « Échappant aux collines accrochées de stratus », c’est parfois « un monde fantastique habité par des fées et des druides » nous dit Stang avec un certain romantisme non dépourvu d’humour, car il lui arrive de prendre la réalité pour un rêve, lorsque enfin au niveau de vol en altitude, dernière check-list faite, il souffle un peu pour déguster l’instant.
Les épisodes et les pages se succèdent avec intérêt et parfois surprise, surtout lorsque beaucoup d’endroits vous rappellent quelque chose (c’est mon cas), mais aussi car les belles descriptions des paysages et des lieux où brillent les yeux des hommes, et l’ambiance si bien rendue du métier de « transporteur » aux multiples aléas, vous immergent avec bonheur au cœur même du Transport Aérien Militaire, dans toute sa réalité, souvent risquée lorsque sifflent les balles, comme récemment en Côte d’Ivoire, ou quand la mécanique se grippe à Washington, à Bali ou ailleurs.
Ici on transpire, on grelotte, on rit et on pleure, avec la chance de partager ses émotions fortes avec le reste de l’équipage. Ici, aussi, on l’a échappé belle lorsque l’avion transformé en glaçon, dans un froid retour d’hiver, s’est crashé moteurs éteints, à quelques minutes seulement de la piste d’atterrissage, préservant heureusement la vie de « Stang » et de son équipage. Ici on se bat contre sa peur et les éléments parfois déchaînés pour assurer l’étape et la mission. Sur les cinq continents, partout, « Stang » a piloté son Transall avec passion, volant par-delà les mers et les monts pour apporter réconfort et secours à des populations sinistrées « au service de l’espoir ».
Comme ce sera le cas pour beaucoup d’anciens de l’Armée de l’Air, j’ai beaucoup aimé ce « Récits d’un pilote de transport », simple, sincère et magnifiquement illustré par un cahier central de photos couleurs. Il y a du rythme et de la vie lorsque les grandes hélices du Transall commencent à tourner et qu’enfin on décolle pour larguer, parachuter, sauver… avec « Stang » comme commandant de bord.
Colonel Richard Feeser
352 pages, 15,3 x 24 cm, relié
0,618 kg