Si les règles de l’OACI* permettent encore l’utilisation de différents idiomes dans les communications radio aéronautiques nationales, le langage de référence bascule vers l’anglais dès que plusieurs langues différentes risquent d’être parlées dans un même espace. L’ouvrage que nous vous présentons aujourd’hui s’attache à montrer qu’il s’agit alors d’une version très spécifique de cette langue, appelée « anglais aéronautique », de champ assez restreint, avec ses tournures particulières, son jargon et parfois ses simplifications. Mais l’organisation internationale recommande aussi que les différents utilisateurs, que l’anglais soit leur langue maternelle ou non, s’appliquent à utiliser ce langage conventionnel en le rendant plus universel : intonation neutre, termes explicites, non-utilisation de mots argotiques, empathie, élocution claire, ce qui fera sourire qui a eu affaire à un contrôleur texan ou un pilote australien.
C’est précisément d’Australie que nous vient ce livre, écrit par le trio Dominique Estival, Brett Molesworth et Candace Farris. Les deux premiers sont pilotes professionnels. Dominique Estival possède une qualification d’instructeur avion et un doctorat de linguistique. Brett Molesworth est psychologue, spécialiste en facteurs humains, et chargé de cours à l’université de Nouvelle-Galles du Sud. Candice Farris, pour sa part, est linguiste, examinatrice en langue, consultante pour l’OACI et doctorante à l’université Mc Gill de Montréal.
L’ouvrage est articulé autour de huit chapitres, écrits par l’un ou l’autre des trois auteurs, et parfois en commun par deux d’entre eux. Les sujets abordés sont :
– L’anglais vu comme un langage de travail : rappel historique de ce qui a conduit à cette situation, caractéristiques d’un tel langage, etc. ;
– Description linguistique de l’anglais aéro : importance des adverbes/adjectifs, analyse de la phraséologie, simplification de la prononciation (ah, le plaisir de pouvoir prononcer « tree » pour 3 et « tousand » pour 1000 en évitant le digramme « th »!), etc. ;
– Exigences requises par l’OACI pour la certification des personnels en anglais aéro comme en anglais usuel, avec explication des six degrés de maîtrise de la langue : prononciation, structures, vocabulaire, aisance, compréhension, conversation ;
– Méthodes de test du niveau de pratique de l’anglais aéro, très variable selon les pays, et exigences périodiques de renouvellement selon le niveau et l’origine des testés ;
– Communications en général entre le contrôle aérien et les pilotes, avec la particularité du filtre de la radio et donc de l’absence d’expression corporelle ;
– Facteurs d’environnement pouvant jouer sur la qualité de la communication aéronautique : bruit, température, charge de travail, stress et fatigue :
– Une étude expérimentale au simulateur d’interactions contrôleurs-pilotes ayant, selon les sujets, l’anglais comme langue maternelle ou comme seconde langue, en jouant sur le débit de paroles, la somme d’informations, la charge du pilote et la congestion de la fréquence ;
– Conclusions et pistes de recherches.
La forme de l’ensemble est très universitaire, avec de nombreuses notes et références groupées en fin de chapitre. Le corps de l’ouvrage est précédé d’une liste des schémas et d’une conventionnelle table des matières, d’une table des abréviations et suivi d’un index de cinq pages.
Sont évoqués des accidents malheureusement devenus célèbres par la mise en cause d’un défaut de communication sol-air : Tenerife en 1977, Avianca 052 en 1990, Charkhi Dadri en Inde en 1996.
Ce livre nous change donc des habituels manuels d’anglais aéro que l’on peut trouver, pour nous présenter la vision que peuvent en avoir des linguistes et spécialistes des facteurs humain. En cela, il est très intéressant pour tout ceux qui œuvrent dans l’enseignement ou le contrôle de cette discipline.
Jean-Noël Violette
* OACI : Organisation de l’Aviation Civile Internationale
214 pages, 16 x 24 cm, couverture cartonnée
0,510 kg
While the ICAO* regulations still allow the use of national languages for domestic aviation radio communications, English becomes the mandated language in any airspace where several languages can be expected. The work presented here aims to show that it is a very specific version of that language, called “Aviation English”, with limited coverage, specific phrases and jargon, as well as simplifications. The international organisation also recommends that all users, whether native English speakers or not, must strive to make their use of this conventional language more universal: neutral intonation, strict phraseology, no slang, empathy and clear pronunciation, which will amuse anyone who has had to deal with a Texan ATC or an Australian pilot.
It is in fact from Australia that this book comes to us, written by Dominique Estival, Brett Molesworth and Candace Farris. The first two are professional pilots. Dominique Estival holds a flight instructor rating and a PhD in linguistics. Brett Molesworth is a cognitive psychologist, specialising in human factors, who lectures at UNSW in Sydney. Candace Farris is an applied linguist, specialising in language testing, who is completing a PhD at McGill University in Montreal and is a consultant with ICAO.
The book is organised in eight chapters, written by either one or two of the three authors. The topics include:
– Aviation English as a working language; historical overview of what led to this situation, characteristics of such a language, etc.;
– Linguistic description of Aviation English: relative importance of adjectives/adverbs, analysis of the phraseology, simplification of the pronunciation (what a pleasure to be able to say “Tree” for 3 and “Tousand” for 1000, and avoid the troublesome ‘th’!), etc.
– Requirements mandated by ICAO for the qualification of personnel in Aviation English as well as in general English, with an explanation of the six aspects of proficiency: pronunciation, structure, vocabulary, fluency, comprehension and conversation;
– Protocols for testing Aviation English competency, varying widely across countries, and requirements for regular retesting according to the candidates’ proficiency level and state of origin.
– Overview of communication between pilots and ATC, with its specific radio medium, and therefore lack of body language;
– Environmental factors that may negatively impact on effective aviation radio communication: noise, temperature, workload, stress and fatigue;
– An experimental study of ATC-pilot communications in a flight simulator with both native and non-native English speaking pilots, to investigate the effects of speech rate, information density, pilot workload and radio frequency congestion;
– Conclusions and further research.
The structure of the book is quite academic, with many notes and references at the end of each chapter. The body of the book is preceded by a list of figures and tables, a list of abbreviations and the usual table of contents, and followed by a five-page index.
Accidents which have unfortunately become notorious for the possible contribution of deficiencies in air-ground communication are mentioned: Tenerife in 1977, Avianca 052 in 1990, Charkhi Dadri in India in 1996.
This book thus departs from the usual manuals of Aviation English that are available, and provides us with the point of view of linguists and human factor specialists. As such, it is of great interest to all those who work in the teaching or assessing of that subject.
Jean-Noël Violette
* International Civil Aviation Organization
214 pages, 16 x 24 cm, hardcover
0,510 kg