On ne peut parler du Dewoitine 520 sans avoir l’impression d’évoquer une lointaine et sourde malédiction, tant on rejette sur cet avion tous les espoirs que l’aviation française pouvait opposer à l’efficacité offensive de la Luftwaffe, voire de la Wehrmacht tout entière. L’avion qui aurait pu nous faire gagner la guerre, peut-on entendre dans la bouche de certains historiens et spécialistes, sans savoir si c’est leur professionnalisme qui parle ou bien la profonde douleur de l’humiliante défaite, si lourde pour l’avenir.
Nous ne saurons jamais avec certitude ce qu’il serait advenu de la France si tous les groupes de chasse avaient été équipés et entraînés sur D 520 avant le 10 mai 40. Comme nous ne saurons jamais l’impact qu’auraient eu 6 divisions blindées parfaitement opérationnelles avec une logistique efficace. Comme nous ne saurons jamais ce qui se serait passé si l’aviation française toute entière avait décidé de s’occuper sérieusement des colonnes allemandes embouteillées dans les Ardennes…
Le Hors-série N°14 d’Avions, consacré au GC I/3, ne permet heureusement pas de repartir dans ces considérations nostradamusiennes. L’auteur, Bernard Philippe, nous invite à suivre la vie en temps de paix, de drôle de guerre et de guerre du Groupe de Chasse I/3, qui sera le premier groupe de l’armée de l’Air à être opérationnel sur D 520 et qui lui fera faire son baptême du feu.
Cette évocation commence au printemps 1939 ou le groupe échange ses gracieux mais obsolètes Dewoitine 500 et 501 contre les « nouveaux » Morane-Saulnier 406. Le 27 août 1939, le groupe s’installe en Meurthe-et-Moselle et commence là, comme tous les autres groupes de la ligne de front, la drôle de guerre, qui n’en sera pas vraiment une pour les aviateurs. Certes, l’intensité des combats n’est en rien comparable aux évènements de mai et juin 1940, mais lorsque avions français et allemands se rencontrent, de furieux combats souvent mortels s’engagent et chaque camp commence à engranger nombre de victoires. À la fin de l’année 1939, le GC I/3 reçoit l’ordre de faire mouvement vers Cannes, où il sera transformé sur Dewoitine 520. La grande aventure commence… et la suite de l’histoire est bien connue ! Le Groupe rejoindra les combats le 13 mai, l’efficacité du D520 sera immédiate mais toutes ses qualités et tout le courage de ses pilotes ne changeront pas l’issue d’un combat trop mal engagé
On a parfois l’impression de tenir entre les mains un livre sous forme de magazine, tant le sujet et la richesse des images s’y prêtent ! Collant à son sujet, l’auteur suit le GC I/3 dans sa vie et ses combats jusqu’aux derniers jours et c’est cet aspect là, finalement, qui rend ce Hors-Série si intéressant. Il contient de nombreuses reproductions de carnets de vol et, chose assez unique, un trombinoscope des pilotes du Groupe entre août 1939 et mai 1940, entre autres bilans de pertes et de victoires.
Voilà une histoire bien racontée et superbement illustrée ainsi qu’un hommage bien pesé aux hommes qui, les premiers, le soir du 13 mai 1940, ont emmené le mythe dans ses premiers, et trop rares, combats.
Tim Larribau
Sommaire :
– Préface
– Introduction
– Historique
– Matériel
– Personnel du GC I/3 (août 1939 – juin 1940)
– I : De Dijon-Longvic à Velaine-en-Haye
– II : À Velaine-en-Haye
– III : Bilan de la « Drôle de Guerre »
– IV : À Orléans et Cannes
– V : Départ pour Wez-Thuisy
– VI : Vraie guerre et premiers combats
– VII : Bilan du 11 au 16 mai 1940
– VIII : Arrivée du groupe à Meaux-Esbly
– IX : Mission capitale
– X : Opération « Paula »
– XI : La plus belle journée
– XII : Repli et défaite
– XIII : Bilan du 17 mai au 16 juin 1940
– Annexes :
André Carrier, premier tué sur Dewoitine 520
Stationnements successifs
Victoires
Pertes
Palmarès individuels
Citations individuelles
Profils couleurs
– Avertissement
– Remerciements
120 pages A4.