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Avions nucléaires français

L’histoire de 1964 à nos jours
Hervé Beaumont

Ne cherchez pas d’appareils à propulsion nucléaire dans le titre Les avions nucléaires français : le seul aéronef a avoir utilisé la propulsion atomique fut un prototype américain, le Convair NB-36H. Bien évidemment, ce titre fait donc référence aux appareils de l’armée de l’air susceptibles de porter le feu nucléaire. La doctrine de la dissuasion nucléaire, chère au général De Gaulle, fit de la bombe atomique une arme fondamentalement politique, puisqu’elle permet d’affirmer l’autonomie de la France en matière de défense, mais surtout une arme visant à décourager toute tentative d’attaque militaire du sol national. À peine les bombes d’Hiroshima et Nagasaki avaient-elle explosé que la France se lançait dans la recherche nucléaire. La volonté de doter le pays de sa « force de frappe » passait non seulement par la maîtrise de la bombe atomique, mais par celle de vecteurs capables de porter « à destination » le feu nucléaire : avion, missile et SNLE*.

À tout seigneur tout honneur, ce livre s’ouvre sur le biréacteur Dassault Mirage IV, appareil qui, contrairement à ses successeurs, a la particularité d’avoir été créé spécialement pour être le vecteur aérien de la bombe atomique française. Hervé Beaumont est particulièrement à l’aise avec cet appareil symbole de l’indépendance et de l’autonomie stratégiques françaises : il est l’auteur du remarqué Docavia n°47 consacré au Mirage IV.

Le premier chapitre est donc consacré au Mirage IVA. En 46 pages d’une densité certaine, l’auteur nous livre un document riche et équilibré, depuis la genèse et les essais de l’appareil aux premiers essais de reconnaissance stratégique lointaine. Tous les aspects importants sont évoqués, qu’ils soient techniques ou opérationnels : conception, réacteur, essais, commandes de l’État, armes nucléaires, bases et unités, ravitaillement en vol, JATO, Tamouré… Le tout est judicieusement illustré. La somme d’éléments présents s’avère abondante et équilibrée.

Avec l’arrivée programmée du Mirage 2000N et celle du missile ASMP*, on dut passer du Mirage IVA au Mirage IVP, lequel préfigurait et amorçait un usage plus polyvalent que celui de « simple » bombardier stratégique. Ceci était dû à une volonté politique de compléter la dissuasion purement stratégique* par un échelon intermédiaire entre l’armement conventionnel et le bombardement nucléaire stratégique dans ce qu’il avait de définitif. C’est ainsi que furent développées les ANT*, armes tactiques* dont le but est sensiblement celui d’une riposte « préstratégique ». Les besoins en matière de technique aérienne pour ces missions n’étant pas les mêmes que pour une action stratégique (à très long rayon d’action), l’armée de l’Air se tourna vers le Dassault Mirage IIIE et le Sepecat Jaguar, deux appareils tout à fait adaptés à l’appui tactique.

La Marine Nationale, quant à elle, ne pouvait pas demeurer en reste. Certes, elle disposa dès 1971 de sa première « plate-forme de lancement sous-marine », en l’occurrence le SNLE* Redoutable, mais ceci sans système d’arme nucléaire tactique. La question fut résolue à l’aide de Dassault Étendard IV, puis de Super Étendard embarqués, et enfin de SEM*].

Le Mirage 2000 est un appareil dont la conception rompait avec celle de ses « grands frères », III ou IV, de vingt ans ses aînés. Avec lui, la polyvalence était au rendez-vous : du combat rapproché à la pénétration nucléaire tout temps en très basse altitude en passant par l’attaque au sol, il sonna le glas de l’hyper-spécialisation des appareils tels que le Mirage IV.

Lorsqu’en 1986, le prototype du Rafale fit son apparition, cela faisait près de trente années que le Mirage IVA avait effectué son premier vol. La technique avait énormément évolué… et la pensée militaire également. Le temps du bombardier strictement nucléaire (Mirage IVA, « A » pour nucléaire était révolu au profit de machines polyvalentes « multi-rôles ». Cependant, un Rafale monoplace ne pouvait guère faire l’affaire pour des missions particulièrement complexes, comme le bombardement stratégique, où la présence d’un NOSA* s’avère indispensable. À cet effet (et également à des fins de formation) apparut le Rafale B biplace, dernier des appareils abordés dans cette étude.

Vous trouverez plus haut* un descriptif relativement détaillé du chapitre sur le Mirage IV. C’est sensiblement la même structure qui a été retenue pour chacun des appareils présentés. Selon son habitude, Hervé Beaumont ne laisse pas de place à la digression. Avions nucléaires français est illustré d’une quantité significative de photographies de qualité, globalement de taille satisfaisante et accompagnées de courtes légendes. On notera qu’outre les avions, une place conséquente est laissée aux différents armements nucléaires. On trouvera dans l’ouvrage de nombreux profils signés Stéphane Garnaud, tableaux, hors-textes, schémas, insignes… La panoplie est complète, d’autant plus que l’auteur nous a gratifiés d’un glossaire recensant plus de 500 sigles. Il est patent qu’Hervé Beaumont, qui est connu pour l’ampleur de sa connaissance des appareils qu’il présente dans l’ouvrage, a dû se livrer à une sélection drastique pour nous proposer un volume unique de 224 pages. Patent, mais sans que cela ne donne l’impression que tout cela a été « entré au chausse-pied » : il existe bien quelques images au format « timbre-poste », mais elles ne sont qu’une pincée.

Chaque chapitre est d’une densité remarquable ; le contenu fait de ce livre un ouvrage documentaire de référence davantage destiné à l’amateur éclairé qu’au néophyte.

Philippe Ballarini


* SNLE : Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins
* ASMP : missile Air-Sol Moyenne Portée
* ANT : Arme Nucléaire Tactique
* stratégique : qui concerne les décisions de niveau supérieur
* tactique : décision à l’échelon de la bataille
* SEM : Super Étendard Modernisé
* NOSA : Navigateur Officier Systèmes d’Armes


NDLR : Cet ouvrage ne prend en compte que les appareils portant ou ayant porté une bombe atomique française. Les F-100D Super Sabre en sont donc exclus.


224 pages, 23,5 x 31 cm, relié
695 photos
1,461 kg


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Avec l’aimable autorisation de© ETAI Éditions

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ETAI

ISBN 979-10-283-0135-4

58 €