Des passionnés d’aviation, le Prince Pierre d’Arenberg, président de l’Automobile Club du Centre et élu du Conseil Général, et Albert Hervet, banquier et Président de la Chambre de Commerce de Bourges, impressionnés par les exploits aériens de Blériot et le succès de la grande semaine d’aviation de Reims, en août 1909, arrivent à imposer l’idée d’une station aéronautique dans l’enceinte du camp militaire d’Avord, près de Bourges, qui répond aux exigences de la future école de pilotage qui va s’y installer. Le grand meeting de Bourges-Avord en octobre 1910 qu’ils organisent, où plus de 40 000 spectateurs enthousiastes adulent les aviateurs, aide grandement à l’établissement de ce « camp d’aviation » dont le Capitaine Georges Bellenger, brillant artilleur polytechnicien, aérostier de formation et breveté pilote militaire numéro 3, sera le premier commandant en 1912.
Les deux auteurs de Avord, 100 ans d’aviation nous racontent la vie mouvementée de la doyenne de nos bases aériennes et les grandes heures de cette plate-forme tout à fait remarquable qui fut la plus grande école de pilotage du monde. Elle délivra près de 10 000 brevets du personnel navigant durant la Grande Guerre, de 1915 à 1917, formant tous les As comme Guynemer, Fonck ou Madon, lequel lui donnera son nom. Blériot, Breguet, Potez, Hanriot, Dewoitine, Farman, et beaucoup d’autres appareils célèbres ont survolé ce terrain où la mission de formation continue aujourd’hui encore à l’Ecole de l’Aviation de Transport sur bimoteur Flamant puis Xingu.
Depuis 1990, les appareils des Forces Aériennes Stratégiques, ravitailleurs C-135FR (1965-1993), et bombardiers supersoniques Mirage IV (1965-1986), présents plus de 20 ans et qui ont particulièrement marqué la base moderne, ont laissé place à quatre Boeing AWACS, systèmes de détection et de contrôle aéroportés, aptes à conduire les opérations aériennes les plus complexes, comme en Libye récemment. Depuis 1977 le pôle Sol-Air, composé de l’escadron de défense sol-air équipé de Crotale, puis de SAMP/T lance-missile, et du centre de formation des personnels de la défense antiaérienne de l’armée de l’air, accompagne ces unités aériennes soutenues et protégées par les services spécialisés de la base aérienne 702 où plus de 2 500 aviateurs sont aujourd’hui affectés.
En plus de son étonnant volet régional, centré sur Avord, ce livre très documenté va plus loin et éclaire sur l’essor historique de l’aviation militaire dans toutes ses dimensions politiques et techniques. La volonté de peu aura fini par dominer les réticences et les craintes collectives pour faire de l’aviation un incontournable moyen d’action. Des anecdotes, des portraits, des témoignages, de nombreuses photos, illustrent et font revivre un très riche passé dans la réussite et la difficulté, les joies et les peines. C’est le grand intérêt de ce livre document qui plaira aux aviateurs qui ont bien connu Avord, et c’est mon cas, ou qui y sont encore affectés, tout en satisfaisant la curiosité du grand public.
Colonel Richard Feeser
192 pages, 21 x 27 cm, relié
environ 150 photos
1,007 kg