Osprey continue son étude sur les appareils qui ont été engagés dans la guerre du Vietnam. Paradoxalement, le B-57 Canberra est traité tardivement, alors qu’il a été le premier jet américain a être basé de manière permanente au Sud Vietnam après le célèbre incident du Tonkin en août 1964, et que son intervention dans ce conflit s’avère être, à la lecture du livre, plus intéressante que l’imagerie populaire le laissait supposer a priori.
D’un point de vue historique et militaire, le Canberra a été en fait « sauvé par le gong »’. L’avion étant de conception britannique, et les Américains ayant acquis un retard considérable dans cette catégorie d’appareils, ils se voient obligés d’acheter la licence de fabrication aux Anglais, le temps à leur industrie de concevoir un avion national capable de remplir les mêmes missions. De ce fait, il est prévu qu’un faible nombre d’appareils soient construits et leur vie opérationnelle soit réduite au maximum. Lorsque la guerre du Vietnam prend de l’ampleur, soit une douzaine d’années après leur introduction dans l’inventaire de l’USAF, le B-57 Canberra est en phase d’être retiré du service actif ; le nombre d’exemplaires encore disponible a fortement diminué à cause des accidents, mais aussi en raison de la cession de quelques avions au Pakistan. Ce faible nombre d’avions disponibles va dès le début handicaper le déploiement du B-57 dans le Sud-est asiatique et perdurera tout au long de sa présence dans cette région.
T.E. Bell, nous expose bien la carrière des Canberra américains au cours de cette guerre, carrière qui s’est résumée à la présence de deux escadrons de bombardement seulement (plus quelques détachements de reconnaissance et d’un escadron de soutien électronique), renforcés par la suite par un Flight australien, dont l’épopée est aussi retracée dans ce livre. Malgré ce faible nombre, le Canberra a été associé à quelques événements malheureux bien expliqués dans ce livre, lesquels ont entaché la réputation du Canberra. Mais il fera « sa guerre » honorablement, comme peuvent en témoigner les chiffres, car sur la centaine de B-57 qui ont servi au Vietnam, plus de la moitié ne reviendront pas aux États-unis.
En résumé, c’est un bon Osprey, très instructif. Le seul reproche que l’on puisse faire, c’est l’emploi parfois excessif dans les témoignages de l’argot militaire américain, qui constitue un langage à lui seul et dont la compréhension n’est pas toujours aisée, mais qui au bout du compte semble incontournable pour les titres traitant de l’USAF ou l’USN/USMC.
Phil Listemann
Contents
96 pages, paperback
– En anglais / in English