Ô temps, suspend ton vol… ! Tel pourrait être le sous-titre de cet ouvrage. Tous les amateurs d’histoire de la conquête spatiale connaissent le nom de Baïkonour, la formidable base soviétique d’où sont parties les fusées qui ont nargué le monde occidental durant trois décennies. Depuis les années 1950, le cosmodrome a permis le décollage de nombreuses fusées qui ont fait la gloire de la conquête spatiale soviétique, avec le lancement du premier satellite au monde, le fameux Spoutnik, puis du premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, de la première femme, Valentina Terechkova, du premier « piéton » de l’espace, Alexeï Leonov, des vaisseaux Soyouz, des stations Saliout, et de bien d’autres fusées au destin marquant. Cette histoire a débuté sous l’ère Korolev pour finir avec la fusée Energia et navette Bourane. Mais avec la chute de l’Union soviétique, cette base mythique du Kazakhstan a dès lors sombré dans l’oubli. Qu’est-elle devenue ?
L’auteur s’est mis en tête de se rendre en toute discrétion sur ce site désormais abandonné loin de tout pour y réaliser un reportage photographique. Ce livre luxueux au format à l’italienne retrace son expédition.
Les premières pages rappellent succinctement l’histoire de la conquête spatiale soviétique, illustrée d’affiches de propagande d’époque. Vient ensuite la présentation de la base sur des vues satellites, avant d’aborder l’histoire de l’expédition elle-même. Les premiers clichés montrent des bâtiments à l’abandon, dans leur jus, les dossiers tranquillement posés sur leurs étagères déglinguées par le temps et le poids, ainsi que les armoires grandes ouvertes étalant leur précieux contenu à même le sol.
Puis arrive le cœur du livre, avec de grandes photos, pour la plupart en pleine page, juste séparées par une simple légende sur une page blanche. Le temps semble s’être brusquement arrêté, comme dans un film de science-fiction où une catastrophe aurait fait disparaître subitement les habitants. Les photos ressemblent comme deux gouttes d’eau à celle de la grande époque, à quelques détails près : l’épaisseur de la poussière, les poutres rouillées aux murs et aux plafonds, et les débris jonchant le sol. Les navettes Bourane sont encore là, dans leur hangar, attendant simplement que les ouvriers viennent effectuer les derniers réglages avant de les installer sur leur lanceur, lui-même dressé dans un hangar voisin. Les bâtiments immenses, les tours de lancement, les instruments, les machines, les vieilles consoles analogiques, les fusées et les navettes sont figées dans le temps, au milieu des tuyaux éventrés et des classeurs éparpillés.
Ce livre laisse une bien curieuse impression, mais il regorge de détails étonnants, impressionnants même. Un album photo inattendu et bien présenté.
Philippe Ricco
192 pages, 29,7 x 21 cm, relié
1,265 kg
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Jonglez
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Jonglez
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Jonglez