Ces derniers mois, les ouvrages consacrés à l’histoire des bases aériennes se sont multipliés, souvent à l’occasion de leur fermeture. Celui-ci est particulier en regard des autres car il s’attache à un site lui-même remarquable : Rochefort.
Paradoxalement, cette base, dont l’activité ne se dément pas, n’est pas la première à venir à l’esprit des amateurs de l’armée de l’air bien que sa création soit antérieure à la fondation de celle-ci. Ce n’est certes pas la seule dans ce cas mais elle est par contre la seule totalement recréée indépendamment des outrages subis lors des années quarante. C’est dire combien cette phase de formation est essentielle pour les armées, parfaitement illustrée par la devise « S’armer pour le futur ». Nous avons bien écrit « LES » armées car l’instruction a connu depuis une trentaine d’années une révolution autant silencieuse que continue tant au niveau organisationnel que méthodique et structurel. Les enjeux et les moyens de cette évolution continue parallèle à l’ensemble des armées est évidemment présentée, car Rochefort y joue un rôle majeur.
Pour autant, les origines ne sont pas oubliées, pas plus que les décennies d’histoire. S’il doit y avoir un bémol, il concernera la Seconde Guerre mondiale. Certes, la base existe et est utilisée par la Luftwaffe mais très peu en est dit dans l’ouvrage. Le livre, suivant en cela son sous-titre, retrace à peine plus les méandres que connaît l’instruction entre 1940 et 1944 sans pour autant détailler la dichotomie que connaissent les forces armées suivant le sol qu’elles foulent. Une pudeur qui n’instruira pas le profane. Reste la masse (presque) anonyme des milliers d’élèves qui se succèdent à nouveau une fois la paix revenue. Nous avons le réflexe de nous attacher à l’exceptionnel et au remarquable dès lors que nous évoquons le passé, à tout le moins de trouver aux plus discrets un caractère commun (telle unité a accumulé ― à défaut de nombreuses victoires ― tant de sorties et d’heures de vol) suivant une hiérarchie de valeurs… auxquelles un centre formation échappe quasiment systématiquement !
Ces masses d’élèves ont pourtant par la suite une carrière. Tout leur talent et valeur ont été le fruit de leurs qualités personnelles qui se sont épanouies par l’instruction reçue à Rochefort. Ceci est illustré par les baptêmes de promotion dont les parrains sont présentés en fin d’ouvrage donnant un côté humain supplémentaire aux illustrations fort diverses sur lequel s’appuie ce livre.
De même, Rochefort est-elle une base école ou une base aérienne ? Elle connut les deux catégories et vous aurez la solution pratiquement à mi-ouvrage. Et comme le dernier tiers est consacré à « l’école aujourd’hui », ce chapitre constituera un précieux regard, pour tous celles et ceux qui se destinent aux carrières techniques du corps des sous-officiers, sur ce qui sera leur quotidien et lieu de vie durant leur formation. À titre d’anticipation, de souvenir ou de découverte, ce livre riche et soigné a de quoi intéresser le plus large public.
François Ribailly
144 pages, 30 x 24 cm, relié
1,111 kg
Environ 316 photos en couleur, 150 en N&B