La conquête du ciel est généralement considérée comme une aventure exceptionnelle en matière de courage et de ténacité humaine et en matière de recherche et d’avancée technologique. Parallèlement à cette aventure humaine et technologique pourtant, l’aéronautique, au sens large du terme a également nécessité de penser et imaginer des installations et des structures au sol pour accueillir les aéronefs et organiser leur mise en oeuvre. Une architecture aéronautique spécifique se développe pour l’éventail des activités aéronautiques, tout au long du vingtième siècle, avec parfois de splendides exemples, comme celui de l’aérogare du Bourget.
Les dirigeables, vaisseaux aériens atteignant des tailles inconnues aujourd’hui, ont eux aussi nécessité des équipements particuliers tels des hangars de stationnement ou des aires d’atterrissage et d’amarrage particulières. Quiconque se représente la taille d’un dirigeable comme le Graf Zeppelin ou le Hindenburg peut aisément imaginer le défi architectural et technique que représente la conception d’un hangar à dirigeables !
Dans Bases pour Dirigeables, Maryse Lassalle, professeur à l’Université de Bordeaux I et chercheur au Laboratoire Epistémé sur l’histoire des dirigeables, propose une collection passionnante de travaux historiques et de projets actuels sur les hangars et plus généralement les bases de mise en œuvre des dirigeables, dans le but avoué de susciter une réflexion nationale sur le renouveau de ce vecteur aérien « alternatif », globalement abandonné et négligé depuis les accidents tragiques du Hindenburg et de certains grands dirigeables porte-avions de l’US Navy. Dans la liste des auteurs ayant participé à cet ouvrage collectif, les visiteurs d’Aéroforums auront l’agréable surprise de retrouver Thierry Le Roy.
Pour de véritables amoureux des « choses de l’air » sous toutes leurs formes, ce livre a une résonance particulièrement intéressante. L’idée de développer à nouveau à grande échelle le dirigeable et son utilisation dans différents secteurs est une idée particulièrement alléchante. Outre l’aspect publicitaire qui existe déjà, et l’aspect touristique en renaissance, le dirigeable paraît pouvoir proposer une réponse aux défis des pollution atmosphérique et acoustique qui assaillent l’aviation classique. Repenser le dirigeable, c’est également renouer avec un esprit inventif et aventureux et c’est, de toute évidence, ne pas laisser « l’Art aéronautique » se scléroser. Qui ne rêverait pas de déguster un bon repas dans un restaurant agréable en croisière de tourisme silencieuse et lente au-dessus du Bassin d’Arcachon ou des glaciers des Alpes ?
Timothy Larribau
280 pages, couverture souple.
– Sous la direction de Maryse Lassalle.