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Batailles dans le ciel

1939-1940 – Édition revue et augmentée
Marcel Migeo

Près de 80 ans après sa première édition de 1942, l’ouvrage à succès de Marcel Migéo est réédité sous la forme qu’il avait en 1943, illustré par Géo Ham. Il fait partie de ces nombreux récits publiés sous l’Occupation, évoquant le sacrifice des navigants de l’armée de l’Air car, rédigé par un aviateur, il constitue un double « coup de gueule ». Il se veut d’une part une stigmatisation des décisions politiques et tactiques de haut-niveau, mais d’autre part, la preuve que « le ciel n’était pas vide ». À travers la vie opérationnelle des groupes des 38e et 12e escadre, volant successivement sur Amiot 143, Bloch 210 et LeO 45, l’auteur dépeint plusieurs missions de largage de tracts sur l’Allemagne puis de bombardement d’assaut sur les colonnes blindées qui déferlent du nord, de la « Drôle de guerre » à la « Bataille de France » et jusqu’à l’armistice. Les deux motivations de ce livre sont omniprésentes, tout au long de quasiment 200 pages de récit : avec des moyens peu ou pas adaptés (les LeO 45 engagés en missions d’assaut), un personnel parfois non entraîné (les canonniers de LeO 45 qui n’ont jamais vu leur arme avant leur première mission), des consignes aberrantes qui révoltent (ne pas mitrailler ou bombarder le territoire ennemi), les équipages et les mécaniciens donnent le meilleur d’eux-mêmes et paieront souvent le prix fort, massivement.

Après l’effondrement de l’été 1940, une grande partie de l’état-major et les déclarations de hauts responsables au procès de Riom laisseront se diffuser l’idée scélérate que l’armée de l’Air n’a pas rempli son devoir, au grand dam de nombre de combattants de l’air, dont l’auteur. Ces récits, écrits dans une langue lyrique et châtiée, ne manquent ni d’intérêt, ni d’émotions mais plus encore, ils donnent vie aux décomptes des pertes de l’aviation de bombardement française en 1940, qu’on peut trouver dans des ouvrages tels Ils étaient là des époux Martin ou encore en consultant des sites internet comme Mémoire des hommes. Les noms, les dates et les lieux qu’on rencontre dans l’ouvrage de Migéo sont tous authentiques et collent donc parfaitement à la réalité historique. Devoir de mémoire quasiment à chaud et témoignage sur le terrain au plus près des aviateurs, cet ouvrage remplit ces deux fonctions. Cette réédition de 2020 est enrichie de six aquarelles de Géo Ham, autre grand témoin de l’armée de l’Air de 1939-1940, ainsi que de quelques pages biographiques sur l’auteur, de coupures de presse sur le succès d’édition et d’une fiche sur le Lioré et Olivier 45. En introduction, on appréciera la préface de Hervé Chabaud, alors que Jean-Charles Stasi, « journaliste et historien de la 2e Guerre mondiale » (et directeur de l’édition 2020) aurait dû vérifier ses sources quand il parle de « 53e Escadre du Levant » dans laquelle l’auteur est affecté comme « pilote de chasse », alors que le Proche-Orient sous mandat français n’accueille aucune escadre dans les années 20 (d’autant que la « 53e escadre » n’a jamais existé !) et que la chasse y est totalement absente. Malgré ce faux-pas de détail qui n’entache en rien la matière de Batailles dans le ciel, on a là un ouvrage dont la réédition permettra aux générations actuelles d’appréhender un épisode majeur de l’histoire de l’armée de l’Air.

Bernard Palmieri


Édition revue et augmentée dirigée par Jean-Charles Stasi.


196 pages, 14,5 x 21 cm, couverture souple
0,313 kg


En bref

Banquises & Comètes

ISSN 21238210

14 €