Le titre m’a immédiatement titillé quand j’ai entendu parler de cet ouvrage. La question taraude : de quoi s’agit-il ? En plus pas de sous-titre pour donner une idée. La couverture donne des indices : la bannière étoilée, une forteresse volante, un équipage. La présentation est soignée et, dès le départ, on a l’impression d’avoir entre les doigts autant un « beau » livre qu’un livre d’histoire.
La présentation est aérée (double interligne), l’écriture est fluide, l’auteur emmène sans mal son lecteur à la découverte d’une douzaine de personnages, d’un avion, d’une mission. Par l’utilisation judicieuse d’encarts en hors-texte, il maintient le fil rouge de son histoire. Et l’air de rien, on en arrive au sujet principal, le raid américain du 14 juillet 1943 contre l’aéroport du Bourget, et ce Boeing B-17 attaqué par des chasseurs allemands qui est posé sur le ventre, dans ce petit village au nord d’Évreux, Bérengeville-la-Campagne. Dans bien des cas, cela aurait été la fin de l’histoire, mais c’est ici l’objet d’un fabuleux rebondissement. C’est aussi là l’explication du titre du livre.
Les dix aviateurs américains deviennent donc des fugitifs. Et le lecteur suit leurs pérégrinations à travers la France occupée, avec la capture pour plusieurs d’entre eux, et la liberté via l’Espagne et Gibraltar pour les autres. Loïc Lemarchand rend également hommage aux dizaines de Françaises et de Français qui ont aidé ces aviateurs ainsi que d’autres.
Dans ce type d’ouvrage, l’iconographie est souvent difficile à rassembler. Il ne manque certes pas de photographies de ce B-17 posé dans un champ de blé. Pour les aviateurs et leurs hôtes, l’auteur a réussi un beau tour de force, résultat d’un vrai travail d’enquêteur globe-trotter. Certes, certains clichés ne sont pas d’excellente qualité, mais ils ont le mérite d’exister et d’illustrer un visage, une famille, une situation.
Le soin apporté à la réalisation du livre fait sans cesse penser à un livre d’art (J’ai immédiatement pensé à « Round the Clock » de Philip Kaplan). Que manque-t-il à ce livre ? En fait, presque rien. Des cartes des environs de l’atterrissage forcé auraient été bienvenues, avec pourquoi pas l’interception par la JG 2, les directions prises par les aviateurs en quittant l’avion, les différents trajets, les cachettes. On manque là de références géographiques. Hormis ce détail, les 180 pages se lisent très bien et nul besoin d’être un spécialiste pour comprendre cette aventure humaine. C’est un beau cadeau à faire à un proche, quelque soit son niveau d’intérêt pour l’aviation, et un bon moment de lecture assuré.
Jocelyn Leclercq
180 pages, 25 x 23 cm, relié + jaquette
PS : Loïc : Mighty Eighth (« puissante huitième », pas « puissant huit »)… mais c’est vraiment pour pinailler.