L’idée de faire une série parodique sur fond de guerre n’est pas exactement nouvelle : tout le monde se souvient de MASH, de Hot shots ou, pour rester dans notre domaine, des Dézingueurs ou de Luftgaffe 44.
Dans ce paysage, Spit propose les aventures de Bishot, pilote de l’escadrille Gafayette pendant la Première guerre mondiale, spécialiste du cheval de bois et du jeu de mots laid.
Dès les premières planches, Bishot présente une dynamique particulière, assez différente des autres séries aéro-humoristiques du moment. Le dessin d’abord : la ligne claire et les tons pastels rappellent un peu Hergé ; le résultat est agréable, propre et presque éthéré, mais moins dynamique que le style aisé d’un Barbaud, d’un Abbet ou d’un Cazenove.
Le scénario ensuite : si l’on retrouve le comique de situation classique avec une chute en bas de planche, Spit a mis l’accent sur les jeux de mots, présents quasiment à chaque case. Cela fonctionne bien pour les planches basées sur une thématique particulière (l’histoire des mines, p.30) et pour quelques répliques bien trouvées (« El Spad vrille »), mais l’accumulation peut parfois avoir un effet étouffant et nuire à la lisibilité de l’ensemble au point que les meilleures planches sont peut-être celles en une case, comme à la p.17, et celles qui reposent plus franchement sur le comique de situation en laissant les mots-valises à la consigne.
Enfin, l’auteur-éditeur devrait impérativement s’attacher les services d’un relecteur, de nombreuses fautes venant gâcher la lecture (nous avons trouvé trois « tout est bien qui fini bien », sans t, un « je paris », un « ont va »…).
Dans l’ensemble, Bishot devrait plaire aux plus fervents adeptes de jeux de mots laids, mais les gags ont trop tendance à tomber à plat pour vraiment séduire. Espérons que Spit, dont c’est le premier album, gagnera en aisance avec un peu plus de bouteille.
Franck Mée
46 pages, 22 x 30 cm, relié
© Revasion – Reproduction interdite
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