L’Airbus A380 a tendance à nous faire oublier qu’il n’est pas le premier avion de ligne à très grande contenance à prendre l’air. Avec ses 550 passagers, le dernier-né de Toulouse est encore en deçà des versions à très haute densité du premier géant du ciel, sa majesté Boeing 747, Corsair exploitait un 747 avec 580 places à bord… Bien sûr, le potentiel du « deux-ponts » européen est bien plus important encore, surtout si on envisage des versions à fuselage rallongé, mais tout de même, depuis quarante ans, le roi du ciel, c’est le « bossu ».
Le Boeing 747 est né en même temps que Concorde, les deux avions effectuant leurs vols inauguraux à quelques semaines d’écart. Alors que l’un pariait sur la vitesse et le luxe, l’autre jouait la démocratisation du transport aérien. La crise pétrolière, entre autres, a joué les juges de paix dans cette affaire et a nommé le « Jumbo » vainqueur par KO de la compétition. Avec plus de 1200 exemplaires construits, et même si le carnet de commandes des nouvelles versions est encore décevant, le Boeing 747 est à la fois un avion de légende… et encore une machine d’avenir.
Ayant participé grandement à la démocratisation du transport aérien, le 747 a aussi largement contribué, avec ses versions cargo, à la mondialisation des échanges commerciaux, et même à la conquête de l’espace avec les deux 747-100 de la NASA capables d’emporter une navette spatiale sur leur dos pour la convoyer d’un site à un autre. Avec la version VC-25 « Air Force One », c’est même la politique à l’échelle mondiale que cet avion a participé à influencer.
Puisqu’ils s’étaient attaqué de fort belle manière à Concorde pour le premier volume de cette collection de prestige, Frédéric Beniada et Michel Fraile ont récidivé pour l’autre grande légende de l’aviation.
Une fois de plus, le texte est très documenté, et apporte un éclairage très intéressant sur la naissance du géant des airs, entre autres en insistant sur le rôle fondamental qu’a joué Juan Trippe, fondateur de la Pan Am dans cet avènement, sur sa carrière et ses développement, de Seattle à Tenerife, en passant par Roissy et bien d’autres aéroports marqués par l’histoire de cet avion.
De plus, ce livre s’avère être illustré avec beaucoup de soin et de goût. Le format imposant de l’ouvrage permettant à ces très belles photos, en noir et blanc ou en couleur, de se montrer sous leur meilleur jour.
Tout au plus pourra-t-on regretter l’absence d’annexes plus « pointues », en particulier la chronologie qui nous semble pour le moins « légère ». À titre personnel, je déplore l’absence du 747 bombardier d’eau d’Evergreen, mais c’est là un reproche tout à fait anecdotique.
Pour les passionnés d’aviation commerciale (et ils sont plus nombreux qu’on le pense) mais également pour tous les curieux de ces avions hors du commun, ce livre saura remporter tous les suffrages. Il va juste déplaire fortement au Père Noël et à Saint-Nicolas, à cause de sa taille et de son poids, et nul doute qu’ils vont devoir s’en coltiner plus d’un exemplaire !
Frédéric Marsaly
184 pages, 39,5 x 27,5 cm, relié