Vous êtes ici : Essais et ouvrages thématiques   

Bois d’aviation

Sans le bois l’aviation n’aurait jamais décollé
Jean-Marie Ballu

 Coup de cœur 2013 

Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

Le commentaire de Philippe Bauduin
Le commentaire de Philippe Ballarini
Quelques pages extraites du livre


Je connais l’auteur, Jean-Marie Ballu, pour avoir été enthousiasmé par la lecture de son précédent ouvrage Bois de marine absolument remarquable. Bois d’aviation est de la même veine, mais plus attachant à mes yeux car il aborde un domaine qui m’est plus familier, en notant cependant que l’aviation a emprunté de nombreux mots à la marine précisément.

Ce nouvel ouvrage est un parfait antidote à la morosité ambiante. Plus qu’une encyclopédie de l’aviation c’est une ode à la curiosité, à l’observation, au simple bon sens, à l’audace, à l’esprit d’entreprise, révélés au travers du long processus qui a conduit les aviateurs à maîtriser les plus lourds que l’air.

Bois d’aviation est une évocation de l’observation des vols des oiseaux mais aussi des graines d’arbres comme celles des érables, elles aussi dotées d’ailes qui sont des modèles ! Jean-Marie Ballu détaille les processus qui ont conduit les précurseurs à développer des plus légers mais aussi des plus lourds que l’air. Avec des avions ressemblant à des oiseaux comme le Taube ou des machines à ailes battantes, les pionniers : Le Bris, Du Temple, Ader, Blériot, Voisin… ces audacieux aviateurs s’élevèrent dans d’étranges machines. On note que le premier avion à réaction, en bois, l’appareil de Coanda, vole en 1910 en France ! En passant et sans nier l’apport des frères Wright, l’auteur balaye d’un revers leur prétention à être les premiers dans cette compétition.

Des nacelles en osier, aux structures, en passant par les hélices, presque tous ces dispositifs volants sont largement conçus en bois et comme le dit l’auteur, souvent en « bois creux comme les os d’oiseaux ». Bien évidemment les natures des différentes essences des bois sont abordées en détail et l’auteur ne manque pas, au passage, d’évoquer les « gonfleurs d’hélices » !

Si la Grande Guerre a provoqué l’essor de l’aviation, c’est après celle-ci et malgré la récession économique d’alors, que l’aviation ― commerciale, sportive, de vol à voile et amateur ― s’est développée. La Seconde Guerre mondiale verra un développement considérable de l’arme aérienne. L’auteur ne pouvait pas éviter de rapporter que durant cette même guerre est conçu le plus emblématique des appareils en bois : le Mosquito, « Wooden Wonder « . Assemblé chez De Havilland, il fut construit par éléments chez plus de 400 menuisiers et constructeurs de meubles répartis à travers le Royaume-Uni. Toujours à cette même époque, Howard Hughes débutait la réalisation du plus gros avion du monde en bois, plus grand que l’Airbus 380, le Spruce Goose qui aurait dû être un transport de troupes. Il n’effectuera qu’un unique vol en 1947. Encore durant ce même conflit, de nombreux gros planeurs en bois furent utilisés ici ou là.

Après avoir développé cette nouvelle et originale histoire du bois d’aviation, Jean-Marie Ballu détaille le choix des bois, leur mise en œuvre, les normes et les ateliers de fabrication d’avion en bois. Il note que le bois est un matériau qui non seulement ne produit pas de CO2 pour son élaboration, mais au contraire en consomme !

Ce livre est passionnant, remarquablement illustré, il est accompagné, ici ou là, de flashcodes qui renvoient à des documents extérieurs. C’est toute l’histoire de la réussite économique de la filière aéronautique française qui est ici évoquée dans une approche très originale. Facile à lire et abordable par le plus grand nombre, il mériterait d’être mis en libre consultation dans toutes les écoles. C’est un beau livre à offrir… ou à s’offrir.

Philippe Bauduin


192 pages, 24 x 30 cm, couverture rigide


« Sans le bois, l’aviation n’aurait jamais décollé ». Voilà une évidence telle que l’on s’étonne de l’avoir si vite oubliée, à une époque où aluminium et matériaux composites semblent régner en maîtres dans la construction aéronautique.

Compte tenu de l’éditeur (Institut pour le Développement Forestier), on était en droit de s’attendre à une sorte de plaidoyer « propagandiste » visant uniquement à prouver l’importance du bois dans le domaine de l’aérien. En fait, nous sommes essentiellement (mais pas uniquement, comme nous le verrons) dans le registre d’une sorte d’histoire de l’aviation vue par un spécialiste du bois, et nous pourrons vite nous apercevoir qu’en un siècle d’aviation, le bois est quasiment partout. Prouver cette omniprésence eût été sans doute une tâche assez longue en soi, mais au bout du compte assez peu captivante. C’était sans compter sur l’approche quasi-encyclopédique de Jean-Marie Ballu. L’ouvrage est d’une richesse insoupçonnée et il a sans doute fallu à l’auteur une bonne dose de discipline pour organiser son livre sans le noyer sous des parenthèses (pourtant passionnantes). Le déroulement de l’ouvrage se veut essentiellement chronologique… tout au moins dans les deux premiers tiers, car ensuite des chapitres spécifiques sont consacrés aux hydravions et avions embarqués, aux différents bois d’aviation et à leurs caractéristiques, utilisations, mises en œuvre…

Chaque chapitre est un prétexte à des éclaircissements en matière de procédés utilisés en matière de travail du bois, ceci appuyé par une iconographie choisie. On découvre par exemple l’évolution des longerons, les modes de fabrication des hélices, différents types de fuselages… jusqu’aux plates-formes en bois des bâtiments de la Marine.

Riche, ce livre l’est sans conteste. D’autant plus riche (et c’est ce qui fait son originalité) que jamais le sujet du bois d’aviation n’avait fait l’objet d’un livre. Enrichissant également, car il comporte quantité d’informations habituellement absentes des livres d’aviation. La partie la plus remarquable de cet ouvrage se situe à son dernier chapitre, spécifiquement dédié aux bois d’aviation, où le lecteur apprendra bien des choses quant aux différentes essences, aux contreplaqués, aux caractéristiques des bois, aux techniques de construction. L’ouvrage se termine avec de petits sujets sur les hangars, le mobilier d’aviation, les assemblages, le bois moulé, les maquettes d’étude ou de soufflerie…

Le curieux appréciera les « hors-texte » où l’auteur nous renseigne sur une kyrielle d’éléments connexes, évoquant par exemple quelques marins pionniers de l’aéronautique, les premiers pilotes d’essai, le prix d’un avion au début du XXe siècle, des aperçus de visites d’usines… Il se rendra en visite un constructeur d’avions de tourisme ou un fabricant d’hélices et obtiendra des détails sur certaines « graines volantes », de tilleul, d’orme, d’érable… et plus particulièrement celle de zanonia macrocarpia chère à Etrich (le « père du Taube) et aux frères Horten.

Ce livre, bien moins anecdotique qu’il n’y paraîtrait a priori, s’avère donc d’une grande richesse. Les erreurs (rares et minuscules) que le spécialiste pourra y trouver n’entacheront pas ses qualités. Jean-Marie Ballu s’était déjà distingué avec Bois de marine (Gerfaut, 2000) et Bois de musique Gerfaut, 2004. Il signe ici un ouvrage original par son approche et apparemment complet par son traitement du sujet. On notera une mise en page soignée, une iconographie variée et pertinente, le tout imprimé sur un beau papier de fort grammage. Une réussite évidente qu’il convient de signaler par un coup de cœur.

Philippe Ballarini


192 pages, 24 x 30 cm, couverture rigide


Bois d’aviation
Bois d’aviation

Avec l’aimable autorisation de
© l’Institut pour le développement forestier

Bois d’aviation
Bois d’aviation

Avec l’aimable autorisation de
© l’Institut pour le développement forestier

Bois d’aviation
Bois d’aviation

Avec l’aimable autorisation de
© l’Institut pour le développement forestier

Bois d’aviation
Bois d’aviation

Avec l’aimable autorisation de
© l’Institut pour le développement forestier

En bref

IDF

ISBN 9782916525075

coup de cœur 2013
37 €