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Bombroad #2

Chu Lai
Michel Koeniguer

Excédé par le laisser-aller des jeunes pilotes des Marines au Vietnam, un capitaine finit par se battre avec l’un d’eux. Résultat : mutation disciplinaire sur une autre base, où la guerre continue au rythme des missions d’appui-feu, d’attaque de cibles illusoires et de survols pacifiques de colonnes de ravitaillement ennemies — parce qu’elles ne sont pas marquées comme cibles, il n’est pas question d’y toucher…

Le premier tome de Bombroad connaissait deux époques  : la découverte d’un front bien organisé puis, lors d’un deuxième tour d’opérations plusieurs mois plus tard, la déconvenue d’une armée qui se désorganise peu à peu. Le deuxième poursuit dans la même veine  : la guerre devient plus complexe, plus absurde et moins logique, les bons finissent éjectés en plein Laos pendant que les colonels incompétents punissent ceux qui veulent les aider, et les vieux de la vieille qui ont déjà plusieurs tours d’opération dans les pattes regardent désabusés l’évolution des choses tout en continuant à remplir leurs missions du mieux qu’ils peuvent — parce que là, en dessous, dans l’enfer des forêts vertes, des copains se font arroser par « Charlie« *, parfois sans bouger pendant des jours.

Plus encore que Da Nang (tome 1), Chu Laï met en scène une guerre totale, largement jouée au sol malgré l’importance des moyens aériens. Le scénario est peut-être plus décousu, mais aussi plus fouillé, et l’on notera davantage de références aux œuvres précédentes sur la guerre du Vietnam — le photographe et l’allusion à Kurtz d’Apocalypse now, la fausse exécution de Voyage au bout de l’enfer… Emblématique de la tendance, une bataille unique, étalée en quatorze planches et deux sorties d’appui des troupes au sol  : des fantassins, des Phantom de l’USMC, des Huey de l’Air Cavalry et leurs hommes, des Skymaster, des Bird Dog de l’USAF… Le tout, balancé dans un large désordre pour tenter de prendre et garder un village et où, même dans notre position de lecteur omniscient, il faut s’accrocher pour suivre l’évolution de l’action : la guerre, ce n’est pas propre et rangé, c’est un grand bordel absurde.

Le dessin est toujours plutôt agréable, malgré quelques détails perfectibles (visages plus ou moins reconnaissables d’un angle à l’autre) ; il profite d’une mise en couleurs très réussie où chaque scène, chaque univers possède sa propre identité visuelle, et d’une mise en pages assez audacieuse où les cases imbriquée guident ou troublent tour à tour le regard, ajoutant soit à la nervosité de l’action, soit à la confusion générale.

Bombroad poursuit donc sa plongée efficace dans la guerre du Vietnam et est sans doute une série à suivre pour les amateurs du genre.

Espérons également que le troisième tome nous épargnera quelques coquilles et fautes d’orthographe  : nous avons noté un « partour » au lieu de « partout », un « les blindé » sans « s », tout aussi gênants que le nom du Baron rouge orthographié « Rischtoffen »…

Franck Mée


48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée


* Victor Charlie : surnom donné par les GI au Viet-Cong, les initiales VC étant prononcées « Victor Charlie » dans l’alphabet international.


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Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet

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Éditions Paquet

ISBN 9782888903956

13,50 €