Né à Plérin (Côtes d’Armor), Marcel Brindejonc des Moulinais a été l’un des plus célèbres aviateurs des premières années du XXe siècle. Après s’être fait d’abord connaître au Circuit d’Anjou de juin 1912, où il a été le seul à tenir tête à Roland Garros, la grande vedette du moment, il a gagné la véritable célébrité en 1913, en réalisant, pour la Coupe Pommery, un circuit des capitales, véritable tour d’Europe de 5000 km qui lui a valu la Légion d’honneur alors qu’il n’avait que 21 ans.
À la déclaration de guerre d’août 1914, il effectuait son service militaire dans l’aviation, si bien qu’il a été aussitôt versé en escadrille. Ses reconnaissances lui ont valu une citation à l‘ordre de l’Armée dès le 27 août. Mais alors qu’il est un des premiers pilotes de chasse français et obtient une victoire aérienne, son avion est touché par un obus et s’écrase près de Vadelaincourt (Meuse) le 18 août 1916.
L’ouvrage est une réédition d’un livret (84 pages) publié en 1930 à Quimper, à la suite d’une série de conférences du docteur Goüin de Roumilly, né en 1894. Jamais vraiment diffusé, ce texte était jusqu’à présent difficile à se procurer, si ce n’est auprès de quelques bibliothèques locales bretonnes.
Christian Bougoux y a ajouté des notes, ainsi que 53 pages d’une chronologie assez précise et de nombreuses photographies, pour la plupart des cartes postales ou issues de la grande presse de l’époque (donc plutôt connues).
Or, cela pose question dès la première approche de l’ouvrage. Car contrairement à ce que laissent croire les première et quatrième de couverture, il ne s’agit pas d’une simple réédition d’un ouvrage ancien dans la mesure où les ajouts dépassent en volume le texte initial. D’ailleurs, Christian Bougoux cite en fin de livre une importante bibliographie dont n’a pas pu bénéficier Romilly, la plupart des livres étant plus récents. Il s’agit évidement des ouvrages dont il s’est lui-même servi. Mais alors pourquoi ne pas mettre son nom en couverture ? Car on s’aperçoit très vite que sa chronologie est bien mieux renseignée que le texte de Roumilly ! Et si veut avoir une idée précise de la vie de l’aviateur, on s’oblige à une double lecture croisée ; pénible et impossible à mener sur une longue durée, même attablé à un bureau. Pourquoi ne pas avoir placé ces informations nouvelles en notes de bas de pages ? Les choses auraient été plus simples.
Mais on apprend pages 46, que puisqu’il manquait quatre pages à l’édition originale, l’éditeur a choisi de mettre en lieu et place un cahier équivalent de photographies, afin de conserver la numérotation, ce dont on ne voit pas l’intérêt. Cela se serait justifié s’il avait s’agit d’un fac-similé. Mais ce n’est pas non plus le cas. Pourquoi donc ne pas avoir fait le choix d’un nouveau livre ?
Car à de très rares exceptions, le texte de Roumilly n’apporte pas grand-chose à ce qu’on a déjà pu lire par ailleurs, chez Mortane par exemple (dont s’est d’ailleurs servi Romilly), mais aussi dans des ouvrages plus récents. D’autant que son style est vieillot (plus personne n’oserait écrire ainsi aujourd’hui !) et que les apports de Bougoux sont, et de loin, les plus intéressants. Pour ma part, je regrette que celui-ci n’ait pas préféré écrire son propre ouvrage. Il en avait la documentation et certainement la compétence, et les choses auraient été plus claires que dans cet hybride à deux têtes.
Thierry Le Roy
240 pages, 15 x 22 cm, broché
Texte de l’édition originale augmenté par Christian Bougoux