1942. Buck Danny, qui vient de vivre les deux premiers tomes de ses aventures, revient en permission. Il retrouve sa mère et son frère cadet, mais pas son père, qui vient de décéder. Puis il retourne sur l’USS Enterprise en pleine campagne des Salomon, affronte des Zero avec son Wildcat, finit à la mer et repense à sa jeunesse en attendant sur son canot…
C’est donc Yann, grand habitué des scénarios aéronautiques, qui a été chargé d’inventer une jeunesse à Buck Danny. On retrouve sa mère et son petit frère, brièvement apparus au début de La revanche des fils du ciel, et on découvre ses relations familiales.
N’y allons pas par quatre chemins : ça manque dramatiquement de finesse. On retrouve pêle-mêle les clichés sur les ouvriers américains durant la Grande Dépression, ceux sur les relations père-fils (forcément conflictuelles), et même une femme fatale qui fait des avances à un adolescent avant de l’accuser de l’avoir agressée. Outre ces points piochés à d’innombrables autres œuvres, certains détails surprennent : par exemple, même en se ruinant, il est peu probable qu’un simple ouvrier, surtout en situation instable et seul revenu d’une famille de quatre, puisse payer des études d’ingénieur à son fils à la fin des années 1930.
Les premières cases consacrées au père de Buck sont déjà des clichés éculés. La suite ne sera pas plus subtile.
La partie action est mieux gérée, mais se caractérise toujours par un taux de rebondissements un peu trop élevé. On peut y voir un hommage à Georges Troisfontaines et aux débuts de Jean-Michel Charlier, mais là encore, c’est trop de clichés pour un albums sorti en 2022. On note par ailleurs quelques anachronismes gênants, le plus évident étant la présence de scaphandres de fukuryū en 1942 – ces plongeurs kamikazes n’étaient même pas prêts à l’action début 1945 !
Sur le plan graphique, Giuseppe de Luca adopte un trait délibérément rétro, qui rappelle un peu celui de Hubinon dans les années 1950. La mise en page est toutefois un peu plus aérée, conforme aux habitudes actuelles. La mise en couleurs reprend elle aussi les standards de l’époque, mais sans pousser vers les fonds parfois délirants des illustrés d’alors. L’ensemble vise clairement les nostalgiques, dans une ambiance un peu plus rétro que les Buck Danny Classic, mais sans retomber dans le dessin approximatif des tous premiers volumes.
Dans l’ensemble, ce premier volume de Buck Danny Origines est entraînant et graphiquement équilibré. Mais le scénario cousu de fil blanc, basé sur des clichés éculés et des rebondissements improbables, déçoit un peu. Yann est de toute évidence plus à l’aise avec ses propres personnages…
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Dupuis
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Dupuis
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© Éditions Dupuis