Bertrand Roux a été formé à l’École de l’Air de Salon-de-Provence dans les années 80, intégrant la branche des officiers mécaniciens, moins connue que celle des pilotes et navigateurs. Dans cette autobiographie, il nous dépeint une large gamme des fonctions techniques que cela représente. Il a commencé par s’occuper de la maintenance en escadron, pour terminer sa carrière comme colonel, responsable technique des Forces Aériennes Stratégiques. Il peut ainsi nous présenter les différents services d’entretien et de réparation de l’Armée de l’air, et mettre en avant pour son personnel son dévouement, son inventivité et son abnégation, vus sur place à son contact ou d’un peu plus loin, en prenant du galon.
Au delà de ce tableau peint avec élégance, où tout est très bien écrit, avec un vocabulaire recherché et une grammaire soignée, on perçoit au fil de l’ouvrage une volonté de rétablir la réputation du monde de la mécanique face à une certaine condescendance du personnel navigant. L’auteur nous l’avoue dans sa première phrase, en avertissement (1). Mais plutôt que de céder à une certaine aigreur, il préfère en jouer et évoquer de manière humoristique d’autres situations sources de comparaison entre les spécialités. Et surtout, plutôt que trop s’attarder sur ses collègues volants, l’auteur préfère exprimer dans ces Carnets de sol l’admiration qu’il a pour cet univers des mécaniciens, et particulièrement pour le personnel qui a servi sous ses ordres.
Si la lecture est plaisante dans l’ensemble, on note cependant un important recours aux sigles, abréviations et acronymes, certes explicités en notes de bas de page mais leur fréquence donne parfois au texte une allure de rapport technique (2). On trouve aussi quelques répétitions (3) et des éléments qui ont pu échapper à l’œil d’un relecteur (4). L’ouvrage est illustré de nombreuses photos personnelles en noir & blanc, peut-être un peu petites et sombres, mais bienvenues.
Ce livre est donc une ode aux mécaniciens de l’Armée de l’air : « J’ai surtout cherché à montrer, par le biais d’anecdotes, quelles sont les grandes forces de notre personnel mécanicien. Compétence technique, initiative, adaptabilité, conscience professionnelle. Autant de qualités que peuvent nous envier bien des armées étrangères. »
Avec cet humour souvent présent, j’ai bien aimé les « aventures arabiques à la gomme« , c’est au final une lecture agréable et enrichissante.
Et pourtant, j’aurais pu avoir un a priori négatif quand, pages 25 à 30, l’auteur nous raconte son baptême de l’air en planeur, même pas au second degré…
« Puis vient le jour du premier vol dans ce maudit planeur. »
« Moi, je pense qu’il est bon pour le Musée de l’Air. Ou plutôt non, la benne à ordures ! »
Quelle idée de me proposer d’écrire la recension d’un ouvrage dont l’auteur a une aussi piètre estime pour le vol à voile ? Il faut dire que ce n’est qu’anecdotique, et que cela exprime simplement cette jalousie entre les spécialités des élèves-officiers lors de leur formation à l’École de l’Air, ceux du « personnel navigant » commençant leur cursus dans les années 80 sur CAP10, avion de voltige quand les autres, mécaniciens et basiers, doivent se contenter de vols en planeur.
Mais, justice sera faite, bien des années plus tard, quand le poste du colonel Bertrand Roux comprendra la gestion de tout le matériel volant de l’Armée de l’air… et donc de son parc de planeurs.
Jean-Noël Violette
323 pages, 15,4 x 24 cm, couverture souple
0,510kg
Notes :
1) « Le présent ouvrage est né sur un coup de tête, doublé aussi d’un coup de colère, j’admets. »
2) Exemple : « Ce soir-là, T. se sera battu jusque tard dans la nuit pour essayer de réparer son PA. Par malchance, celui-ci fut plus que récalcitrant, ne se laissant pas soigner facilement. Le lendemain, je devais trouver le compte-rendu de fin de nuit sur le cahier de piste. Vers une heure du matin, L. a dû déclarer la fin des hostilités. Le bloc gyro HS était sur la table du fond, avec la FIT. Le POSAV avait été envoyé à Taverny, la Formule 11 était remplie. Il ne restait plus qu’à faire signer une “réserve de vol PA” au commandant d’escadron. »
3) Répétitions :
« régler ses comptes avec le personnel navigant » pages 12 et 13.
« jeunesse de l’Armée de l’air » pages 12 et 14.
« tout ce qui n’est pas écrit noir sur blanc est interdit », pages 307 et 308
4) Surprenante signature au premier tiers du livre « Bertrand Roux, ancien officier mécanicien des FAS dont GERMAas 15.093, ERV 03.093, ERV02.093, chef du soutien technique de la base d’istres, sous-directeur puis directeur technique des FAS. », comme copiée-collée d’un autre texte.