Quelle émotion, lorsque Caroline Aigle, première femme pilote de chasse de l’armée de l’air est fauchée à l’âge de 33 ans, par un terrible cancer, quelques jours seulement après avoir mis au monde son deuxième fils ! Quel parcours pour cette battante, passionnée, qui aurait tant aimé devenir spationaute en un sublime couronnement professionnel !
Fille d’un médecin militaire qui lui fait courir le monde, la Réunion, la Guyane, la Mauritanie, elle fait de brillantes études au lycée militaire de Saint-Cyr l’École puis au Prytanée militaire de La Flèche, et intègre la prestigieuse École Polytechnique. À sa sortie d’école où elle s’est donnée à ses passions, le triathlon, le parachutisme, la musique, elle comprend vite que la route qu’elle a choisie, pour devenir pilote de chasse, est pleine d’embûches, comme première femme à emprunter cette voie. Pas de cadeaux donc pour la petite blonde angélique d’un mètre soixante, qui se bat pour surmonter les réticences, familiales d’abord, mais surtout d’un milieu peu enclin à accueillir en escadrille une femme, fut-elle très motivée. Caroline Aigle réussit néanmoins à relever ce défi et à trouver sa juste place, jusqu’à atteindre le poste de commandant d’escadrille à la SPA 57, “La Mouette”, au prestigieux escadron de chasse 2/2 Côte d’Or de Dijon.
Acceptée, et même admirée par ses pairs pour son professionnalisme et son enthousiasme, imaginons quel a été le parcours de combattant de cette toute première femme pilote de Mirage 2000-5, le plus performant de nos chasseurs de défense aérienne, dans un monde jusque là réservé aux hommes. Assurément une vie tracée “au mach”, c’est-à-dire pleine d’exigences physiques et mentales, dans un cadre militaire stricte où elle finira par rayonner de son étonnante et attachante personnalité, aux commandes d’un superbe jet, et à peine étonnée d’être là ! Bravo ! Quel bel exemple ! Et quel service rendu à la cause féminine ! aimerions-nous lui dire, admiratif.
À partir de nombreux témoignages, Jean-Dominique Merchet enquête sur la vie de cette femme d’exception, pleine de ressources et d’énergie, allant au fond des choses, et partageant son temps d’un égal bonheur entre ses passions professionnelles et sportives et sa vie familiale, pleine de tendresse et d’amour. Au fil des ses rencontres, l’auteur découvre la jolie princesse généreuse et sensible, capable de se dépasser pour atteindre les objectifs élevés d’une vie à la belle éthique, mais tragiquement fauchée en plein essor, ce qui serrera la gorge de tous ceux qui liront ses lignes. Avec respect et sensibilité, il rend hommage à la regrettée aviatrice, dans la lignée des Valérie André, Elisabeth Boselli, qu’elle connaissait, et retrace une vie exemplaire, de mère attentive, d’épouse, et de femme pilote “au top”, prête à nous étonner encore, en devenant spationaute, comme avant elle Claudie Haigneré qui l’avait prise en affection.
Comme ancien pilote de chasse, ayant croisé Caroline Aigle, on comprendra que ce livre si vrai est émouvant, avec le douloureux ressenti d’avoir perdu un être proche, et à coup sûr admirable, qui est un modèle pour notre jeunesse si souvent en proie au doute. Un cahier photos nous rappelle son lumineux regard et son beau sourire.
La préface du général Jean Rannou, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, retrace l’histoire de la féminisation dans les armées, jusqu’à Caroline Aigle qui a montré la voie.
Une bien belle biographie !
Richard Feeser
184 pages, couverture souple, format 14 x 20,5 cm
– Prix du Livre Aéronautique 2007/08 Vieilles Tiges – Vieilles Racines
Cet ouvrage existe également en version « en poche ». 192 pages, 11 x 18 cm, cahier photos couleur 16 pages
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