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Cassada

James Salter

Une fois n’est pas coutume, intéressons-nous à un « vrai » roman, en mettant momentanément de côté nos habituels documents techniques, biographies, monographies et ouvrages historiques. James Salter a écrit ce Cassada en 2000 et la traduction française a vu le jour un an plus tard. À vrai dire, il nous explique même en avant-propos l’avoir initialement rédigé en 1961, mais l’ouvrage n’avait alors pas eu de succès. En voici donc une version re-composée, re-nommée, ré-écrite et modernisée, à l’aune des années 2000.

L’histoire se situe en Rhénanie, en secteur américain, à la fin des années cinquante, et l’un des protagonistes est un vétéran de la Guerre de Corée, encore auréolé par de récents combats. Pour ce qui est du côté aéronautique, et bien que les vols soient omniprésents dans cette histoire, nous n’en saurons pas bien plus. Le lecteur habituel de l’Aérobibliothèque aimerait savoir au minimum sur quels avions volent nos héros, que ce soient leurs montures habituelles en Allemagne, ou les remorqueurs de cibles lors d’épisodiques campagnes de tir en Afrique du Nord. Mais pour l’auteur, un peu comme ce l’était pour Antoine de Saint-Exupéry qui ne nous parlait jamais de Breguet XIV, Laté 17 ou Caudron Simoun, seuls semblent compter les personnages, leurs caractères et leur psychologie. Cela donne des passages où un peu de précision serait la bienvenue, tel que « Il comptait sept cents heures de vol dans son avion et deux mille dans d’autres ». À peine saurons-nous que les empennages des appareils peuvent être jaunes ou rouges, selon les escadrilles. La comparaison s’arrêtera là, n’est pas « Saint – Ex » qui veut. Si ,dans l’ensemble, l’ouvrage est correctement écrit, il souffre néanmoins parfois de passages difficiles à saisir, et de petites approximations aéronautiques dont on suppose qu’elles sont plus l’œuvre du traducteur que de l’auteur. On nous parle par exemple de « cale d’écartement à l’arrière du siège » pour laquelle on a bien besoin du contexte pour comprendre qu’il s’agit d’ un réglage longitudinal de ce siège. Ou alors de « virages qui deviennent verticaux et même au-delà » et d’un sibyllin « Ils étaient à l’altitude à environ trente nautiques… ».

L’auteur s’attache, au fil de chapitres entrecroisés avec de nombreux flash-backs autour du fil rouge d’un difficile retour au terrain par conditions météo épouvantables, à décrire l’intensité dramatique d’une situation ne faisant que se dégrader. On ne vous dira pas si les pilotes finissent par s’en sortir ou non ; il faut bien ménager ce suspens qui est le ressort principal du livre. Hormis les quelques pages qui pourraient être parfois plus limpides, et une gestion des temps de narration entre le présent et le passé pas non plus d’une grande clarté, la lecture générale de l’ouvrage est plaisante, et accompagnera agréablement un voyage en train.
Ou en avion, mais alors par beau temps…

Jean-Noël Violette


288 pages, 14,5 × 20,5 cm, broché
0,304 kg

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Éditions de l’Olivier

ISBN 978-2-879293-00-4

20,10 €